Communiqué des porte parole de la coordination nationale des universités

Communiqué des porte parole de la coordination nationale des universités

« Les attaques contre le service public de l’enseignement supérieur et de la recherche, auxquelles répond la mobilisation massive de l’ensemble de la communauté universitaire, ne sont pas spécifiques. C’est l’ensemble du service public qui est menacé. Face à une offensive globale du gouvernement, c’est ensemble que nous devons lutter!
Pour partager nos expériences de luttes et travailler à la convergence de celles-ci, des meetings interprofessionnels auront lieu dans un certain nombre d’universités, par exemple  le jeudi 26 mars à l’université Paris-X Nanterre le 26 mars dans le cadre du « Printemps de colère » et le vendredi 27 mars à l’université Paris 3 (« après midi de l’université »). Seront présents des
acteurs du mouvement sociaux (universitaires, chercheurs, étudiants, professeurs des écoles, postiers, ….) pour discuter des suites du 19 mars. »

De Sympa à la T2A … et retour.

Les logiques comptables et gestionnaires, en même temps que profondément idéologiques et politiques, sont à l’oeuvre dans l’ensemble des services publics, de la maternelle à l’université, mais aussi, et entre autres, dans l’hôpital. L’équivalent de Sympa s’appelle ici T2A, et la perspective manageriale y impose comme ailleurs son vocabulaire, ses méthodes et ses objectifs.

Dans l’espoir que l’Appel des appels puisse très bientôt s’incarner dans un mouvement de masse de défense du service public dans ce pays. Ci-après un article du Monde qui laisse justement présager que l’hôpital sera à nouveau prochainement dans la rue : soyons-y aussi !

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Les Hôpitaux de Paris prévoient de supprimer 700 postes en 2009

LEMONDE.FR avec AFP | 25.03.09 | 16h54  •  Mis à jour le 25.03.09 | 17h28

« L‘Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) prévoit un déficit de 95,5 millions d’euros en 2009 et programme la suppression de 700 postes pour diminuer ses dépenses, dans son projet de budget pour 2009, que l’AFP s’est procuré, mercredi 25 mars. Ces prévisions sont légèrement inférieures à celles avancées le 9 mars par Les Echos, qui tablait sur un déficit de 104 millions d’euros.

La « dégradation sensible de la situation budgétaire (…) rend compte d’un déséquilibre structurel de nos charges et de nos recettes (…) », est-il indiqué dans le projet de budget, qui doit être soumis vendredi au vote de son conseil d’administration. L’AP-HP table sur un déficit de 95,5 millions d’euros, soit 1,5 % des recettes. En 2008, le déficit a été d’un peu plus de 20 millions d’euros, mais la comparaison avec 2009 doit tenir compte des importantes « reprises sur provisions » effectuées l’an dernier.

Face à ces difficultés budgétaires, l’AP-HP veut s’engager dans un « plan vigoureux » qui permettra de revenir « progressivement » à l’équilibre d’ici à 2012. L’AP-HP prévoit notamment un « effort sur les dépenses de personnel » à hauteur de 50,5 millions d’euros, qui se traduirait par la suppression de 700 postes en « équivalents temps plein ». Ces suppressions concerneraient les personnels non médicaux, tandis qu’il y aurait du côté des personnels médicaux une augmentation de cinquante-trois postes « équivalents temps plein ».

Le maire socialiste de Paris, Bertrand Delanoë, qui préside le conseil d’administration de l’AP-HP, a annoncé mardi qu’il voterait contre ce budget vendredi, considérant qu’il met en péril l’institution. L’AP-HP regroupe une quarantaine d’établissements, principalement situés à Paris et dans sa proche banlieue. »

Pour une véritable autonomie de l’enseignement supérieur et de la recherche.

Pour une véritable autonomie de l’enseignement supérieur et de la recherche.
Jérôme Bourdieu, économiste, INRA // Didier Chatenay, physicien, CNRS

Plus d’autonomie pour les universités, tel serait le principe de la réforme Libertés et Responsabilités des Universités selon ses zélateurs. Usant du procédé désormais banal qui consiste à prendre les mots les plus progressistes pour servir les politiques les plus réactionnaires – on se souvient de l’époque où l’enseignement privé et catholique défendait « l’école libre » – le mot d’autonomie est utilisé aujourd’hui à contre-emploi dans une acception extrêmement étroite : cette loi n’a d’autre fin en réalité que de contraindre les universités à se soumettre à la loi du marché en créant les conditions d’un désengagement progressif de l’Etat et en les forçant à adopter une logique entrepreneuriale dans leurs modes de gestion. Dans la pratique, cela signifie que, pour commencer, les universités devront lever des fonds auprès d’acteurs privés afin de pallier en partie les carences des pouvoirs publics. Le risque est bien alors de voir les universitaires, affamés depuis plusieurs années par une pénurie de moyens sciemment organisée, trouver un espoir de salut dans la course aux financements privés, avec pour conséquence à court terme de mettre en péril leur véritable autonomie scientifique, qui, elle, organise et structure la recherche et l’enseignement dans tous les domaines de la connaissance. Une autre conséquence de cette autonomisation financière des universités réside dans la possibilité qui leur sera accordée, à terme plus ou moins court (même si elle n’est pas pour l’instant d’actualité selon le Ministère) d’augmenter largement les frais d’inscription au détriment de leur mission d’éducation, là encore en se situant de manière volontariste dans une perspective d’un vaste marché de l’éducation.
Dans cette optique, les universités se verront offrir de nouvelles possibilités de gestion de leurs patrimoines financier et immobilier ; elles devront se transformer ainsi en des acteurs presque ordinaires de la vie économique mais surtout financière. S’il s’agit là d’un des aspects les plus spectaculaires mis en place par cette loi, d’autres dispositifs relèvent de cette même logique entrepreneuriale, à commencer par les nouveaux modes de gestion des personnels qui reposent sur la création d’un vaste marché de l’emploi, soumis aux lois de la concurrence, jouant notamment sur des salaires différenciés, l’attribution de primes, sans parler des modulations arbitraires du volume horaire des enseignements assurés par les personnels enseignants ou du recours massif aux emplois sur contrat à durée déterminée.
Dans le même temps, la formation, qui est une des fonctions essentielles des universités, est profondément remise en cause : il s’agit désormais de se soumettre aux contraintes immédiates du marché du travail de manière à former, en temps réel, les hommes et les femmes parfaitement ajustés, dès la sortie du monde universitaire, aux besoins des entreprises. Pas une seconde il n’est envisagé qu’une des conditions essentielles au développement des individus est de disposer d’instruments de compréhension du monde et de capacités d’adaptation à ses transformations.
Les partisans de la Réforme Sarkozyste donnent à cette modification profonde des objectifs assignés à l’enseignement supérieur les apparences d’une véritable modernisation : celui-ci serait ainsi enfin débarrassé des barrières protectrices qui le tiennent coûteusement à distance du monde réel et des forces du marché. En réalité, il ne s’agit que d’instaurer les conditions de la mise au pas de tous les acteurs de ce secteur d’activités. C’est là toute la supercherie d’une autonomie donnée à des établissements – placés sous la douce férule de leurs présidents qui, pour se faire la main dans leur nouveau costume de patron, ont déjà envoyé la troupe : elle a pour contrepartie immédiate la perte d’autonomie collective propre au monde de l’enseignement supérieur et de recherche. En fait de modernisation, on assiste à un formidable retour en arrière, à une remise en cause des investissements colossaux qui ont été nécessaires à l’existence d’un tel système. Ce tournant repose sur une incompréhension profonde de la spécificité des activités qui fondent ce champ social particulier (à moins qu’il ne soit fondé seulement sur la crainte qu’inspire aux tenants de l’ordre l’existence de lieux de connaissance et de savoir réellement libres et autonomes).
Une autre autonomie est possible
Pourtant, tout à l’opposé de cette entreprise de destruction programmée, la vraie modernité réside dans la poursuite de la construction d’un champ autonome regroupant l’ensemble des activités d’enseignement supérieur et de recherche. Il ne s’agit pas de mettre cet espace hors du monde social. Il s’agit simplement de reconnaître que ce champ doit posséder de manière stable dans le temps un mode d’organisation et un système de règles de fonctionnement interne définis collectivement et acceptés par les acteurs qui en font partie. C’est le processus d’autonomisation de ce champ qui a permis à l’activité scientifique de produire une forme de connaissance réellement scientifique, gouvernée par des arguments purement rationnels. Le fait que les acteurs du champ scientifique ne s’affrontent qu’au travers de joutes, parfois violentes, fondées uniquement sur un
argumentaire rationnel, codifié strictement dans chaque discipline, est au coeur même du processus permettant à la science de décrire le monde de façon objective. C’est parce qu’elle s’est, au cours des siècles, affranchie des arguments religieux, politiques, économiques ou d’autorité, que l’activité scientifique produit une connaissance objective de ce qu’elle étudie. Il suffit d’évoquer Giordano Bruno, brûlé vif sur les ordres de l’Inquisition en 1600, les sombres heures du lyssenkisme dans l’ex-URSS aux alentours des années 1950, ou encore l’échec des corporate universities des grandes firmes américaines, pour réaliser qu’à chaque fois que l’autonomie du champ scientifique est menacée, chaque fois que l’on veut soumettre à des fins hétéronomes, politiques, économiques ou idéologiques, les fonctions sociales propres à la science, fonctions de production, de certification et de transmission du savoir, c’est la possibilité même d’une création proprement scientifique qui est remise en cause.
Dans ces conditions, le monde de l’université et de la recherche est ouvert à la société, aux questions qu’elle lui pose explicitement ou non, et les réponses qu’il apporte en retour sont pertinentes, précisément parce qu’elles ont été reformulées de manière autonome et traitées selon les règles internes régissant le fonctionnement de la communauté des savants. Quelles réponses concernant le réchauffement climatique, par exemple, pourrait apporter à la société – tout à fait incapable au demeurant de le percevoir par elle-même et donc d’en formuler la question – une recherche financée par les industries pétrolières, constitutivement portées à le dénier ? Comment imaginer un seul instant une expertise scientifique valide si les « experts » sont de quelques manières que ce soit soumis à diverses contraintes d’ordre politique, idéologique ou économique ?
Cette permanence des règles et des structures garanties à ce champ est une condition sine qua non d’efficacité et de qualité dans la manière de formuler et de traiter ces messages sociétaux. Notons au passage que les acteurs privés ont toute leur place dans ce travail de construction de connaissance, pourvu qu’ils respectent les principes d’autonomie nécessaires à leur élaboration. Et, pour que ces principes soient respectés, mieux vaut que le monde social ait doté le monde de la production de connaissances d’une réelle et puissante autonomie. La notion d’autonomie ainsi définie ne garantit pas seulement une intégration effective dans l’espace social des activités d’enseignement supérieur et de recherche. En définissant un espace rationnel organisé par des
règles explicites et collectivement acceptées, l’autonomie de l’université et de la recherche produit aussi un mode de définition de soi dans lequel se reconnaissent tous ceux qui veulent participer aux activités de ces univers. En d’autres termes, pour faire partie du champ, il convient à la fois de mettre en suspens une partie de son identité sociale et d’adopter un système de valeurs et de références qui n’ont pas cours dans le reste de sa vie sociale. Chacun ne pourra importer dans le monde de l’Université et de la Recherche des préoccupations et des intérêts qui lui sont extérieurs qu’à la condition de les soumettre aux règles en vigueur dans le champ et ce travail d’importation, et d’exportation ensuite, aura un rôle important dans la relation entre le monde savant et le monde social.
Quelles résistances face à cette revendication d’autonomie ?
Si la revendication d’autonomie que formulent l’université et la recherche n’est pas très éloignée de celles de la santé, de la justice ou de l’information, il est important de comprendre quelles forces s’y opposent spécifiquement. Evoquons en premier lieu le préjugé commun qui veut que les chercheurs soient coupés des réalités sociales. Depuis Thalès et sa servante Thrace, le savant a la réputation d’être animé seulement par des préoccupations théoriques et spéculatives qui le rendrait sourd aux évènements du monde au point qu’il en perdrait parfois jusqu’au sens commun. On peut penser que, tout au contraire, c’est pour partie sur la base de son expérience sociale personnelle que se fonde le questionnement du chercheur, même s’il est, on l’a vu, retranscrit dans le langage propre à son champ. On aurait tort de penser qu’il faudrait imposer de l’extérieur à des chercheurs enfermés dans leur tour d’ivoire la conscience des urgences sociales pour qu’ils s’en inquiètent. L’histoire récente prouve bien tout le contraire : il n’a pas fallu attendre les plans anti SIDA pour que les épidémiologues identifient cette maladie et les biologistes le virus responsable ; les glaciologues avaient à coeur les questions d’environnement avant même que l’on ne parle du réchauffement planétaire qu’ils ont largement contribué à révéler ; et l’on pourrait multiplier les découvertes produites par des savants qui, indépendamment de toutes « commandes », ont débouché sur des innovations industrielles (il est difficile de ne pas citer le prix Nobel récemment attribué à Albert Fert dont les travaux de physique fondamentale sur la « magnétorésistance géante » ont débouché sur une vraie révolution dans le monde de l’électronique, par exemple en permettant de produire des disques durs beaucoup plus denses). Il s’agit là d’exemples provenant des sciences dites dures mais que dire des contributions des historiens, des géographes, des sociologues, des linguistes, des ethnologues et de bien d’autres acteurs des sciences sociales et humaines dont les travaux ont constitutivement pour objet de permettre aux sociétés d’accéder à une meilleure compréhension d’elles-mêmes. Même s’il y a certainement une candeur assumée à dresser une telle liste, toutes ces activités démontrent que les acteurs de l’enseignement supérieur et de la recherche ne se situent pas dans un ailleurs social irréel et fantasmé mais qu’ils sont tout au contraire ancrés dans la vie sociale réelle. Cela démontre aussi qu’il est essentiel que le monde des savants reste accessible à des individus issus de tous les univers sociaux et capables d’apporter avec eux des points de vues et des préoccupations les plus divers possibles, ce qui, au passage, renforce le rôle universaliste que doit avoir l’Université.
Comment ne pas évoquer, en second lieu, l’une des manières les plus absurdes de mettre en cause le monde savant, de lui contester son autonomie, consistant à lui reprocher de vouloir se protéger et de ne pas oser se soumettre au marché et à la concurrence, formule magique destinée à disqualifier toute forme de projet de construction sociale qui renoncerait à en faire son unique graal. Dans le cas de la recherche, cette attaque est particulièrement grotesque tant il est vrai qu’il n’y a pas d’univers où la concurrence est plus intense et acharnée que celui de la recherche (sauf peut-être celui du sport de haut niveau). Cette concurrence n’a rien à envier à celles dont se targuent complaisamment les casseurs de prix et elle est sans aucun doute bien plus intense que celle que feignent de se livrer les hommes politiques qui en font l’éloge. Il s’agit d’une concurrence mondiale depuis bien longtemps (les grands congrès scientifiques internationaux datent de la fin du XIXe siècle mais les
rivaux de Newton savaient déjà bien ce qu’est la concurrence, une concurrence aux limites même de la loyauté). Un principe constitutif du fonctionnement des rapports entre savants est cette concurrence, où il faut trouver avant les autres, où toutes les failles possibles d’une argumentation sont explorées immédiatement par des collègues qui sont autant de redoutables concurrents. Cette concurrence se joue avec les armes propres au monde savant et à la lutte pour la vérité, avec des conséquences elles-mêmes propres à ce monde – si un autre chercheur démontre que vous vous êtes trompé, alors il faut chercher encore, trouver de nouvelles réponses et les soumettre à nouveau au jugement des pairs. Evidemment, il serait naïf de prétendre que cette concurrence n’a d’effet que dans le champ. Elle a nécessairement des effets sur la vie sociale générale de ses agents dont les succès et les échecs ont aussi des effets sur leur mode de vie économique et social : sur leur appartenance statutaire à l’université et aux institutions de recherche – il y a un droit d’entrée sous forme de productions reconnues et
« validées » par ceux qui y occupent une position, mais il y aussi une relation entre la carrière scientifique et la progression salariale et la réussite sociale de chacun. Il s’agit toutefois d’un tout autre projet que de dire que tout ce qui se passe dans le champ doit avoir une contrepartie immédiate dans l’ordre économique, ou même que tout ce qui s’y passe doive être guidé par ce qui se passe dans l’ordre économique. C’est exactement ce que propose le nouvel ordre libéral. C’est la définition même d’un principe d’hétéronomie que proposent tout ceux qui, à commencer par la majorité des économistes, sont incapables de comprendre la logique propre à un univers autonome.
Mais la défiance à l’égard d’une véritable autonomie de l’Université et de la recherche a d’autres causes plus profondes. Elle tient autant à la production de cet univers qu’à son mode de production qui heurte profondément l’ordre politique surtout lorsqu’il est entre les mains d’un parti de l’ordre. Producteurs de connaissances nouvelles, formateurs des esprits qui mobiliseront et diffuseront ces connaissances à la fois historiquement situées et universelles, l’Université et la Recherche sont par nature du côté de la remise en cause de l’ordre établi, de la mise en doute des croyances et des certitudes passées. Cette production de savoirs n’est pas assignable à un secteur, à une industrie, à un marché donnés (qui peut savoir quand, comment et par qui seront utilisables les découvertes du moment ?). De la même manière, elles ne produisent pas de compétences
directement exploitables : quel intérêt pour les employeurs de former des individus à des notions/concepts sans aucune utilité pratique pour les fonctions disponibles immédiatement au sein des entreprises ? Elle soumet de manière sans cesse renouvelée à la critique rationnelle les formes de l’ordre social tel qu’il est et donne à ceux qu’elle forme les moyens d’une telle critique.
Finalement, une dernière opposition au fonctionnement d’un monde universitaire autonome trouve son origine dans le fait que l’existence d’un tel champ au sein de la société constitue une démonstration de la viabilité d’une forme d’auto-organisation collective et démocratique qui parvient à s’affranchir ainsi des rapports de domination présents dans la société, des rapports de domination économique notamment. Ainsi, l’un des principes essentiels en vigueur au sein de ce champ réside dans l’application du jugement par les pairs, ce qui est tout le contraire de la vision de Présidents-managers autoritaristes et plus encore de la soumission au contrôle exercé par les financeurs. Mais, un fonctionnement démocratique c’est aussi la reconnaissance du primat accordé aux formes de décisions collectives dans les laboratoires de recherche et les équipes universitaires plutôt que des décisions fondées sur des rapports exclusivement hiérarchiques. Il ne s’agit pas d’une démocratie spontanéiste où toutes les décisions et les choix s’opéreraient à main levée de toute la communauté des personnels. Les
recrutements ne se font pas de la même façon que les évaluations d’articles ou que les choix de projets de recherche ou de maquettes d’enseignement. L’histoire du monde de l’enseignement supérieur et de la recherche est, de ce point de vue, assez remarquable – pour certains, redoutable – dans la mesure où un assez haut niveau de maîtrise a été atteint tant dans la formulation de règles de fonctionnement que dans la formation d’une identité bien définie ; cela donne à ce champ des capacités d’autonomie très fortes par rapport à certaines visions utilitaristes ou dirigistes des activités sociales. Un des objectifs cachés est là : si le pouvoir en place ne souhaite pas accorder une autonomie réelle au monde savant, préoccupé seulement de connaissance et de savoirs gratuits, on se doute bien qu’il sera plus restrictif encore pour des activités plus directement engagées dans les logiques marchandes et les rapports de pouvoir. La mise sous tutelle du monde savant a valeur d’exemple.
Ces motivations d’ordre essentiellement idéologique constituent les obstacles les plus importants auxquels se heurte la constitution d’un champ autonome de l’enseignement supérieur et de la recherche et cet obstacle est d’autant plus important que, bien évidemment, cette idéologie n’est jamais mise en avant par la puissance publique et que, comme dans bien d’autres domaines, on assiste à une entreprise de ringardisation systématique du discours qui porte un tel projet de constitution d’un champ autonome en assénant comme une vérité historique que seule la vision libérale de l’enseignement supérieur et de la recherche est porteuse de progrès et d’avenir.
Quelles garanties pour l’autonomie de l’enseignement supérieur et la recherche ?
La force que leur donne le fait de n’être la propriété d’aucun univers social particulier et, en même temps, leur capacité d’agir dans tous les univers, cette force est aussi la faiblesse de l’enseignement supérieur et de la recherche : tant que la société, par l’intermédiaire de l’Etat, ne leur donne pas les moyens d’une existence propre et autonome, elles sont menacées de disparaître, d’être prises dans des intérêts partisans, des jeux de pouvoir dont l’issue dépend des ressources économiques ou militaires des différents protagonistes. Seule l’autonomie garantie par la puissance publique peut permettre de mettre à la libre disposition de l’ensemble de la société toute la production de ce champ.
Pour cela, la forme que prend le soutien de l’Etat à l’égard de l’université et de la recherche doit être aussi globale et inconditionnelle que possible : il ne s’agit pas, en effet, d’échapper à la logique de la commande privée pour subir celle de la commande publique, c’est-à-dire de produire un enseignement et une recherche programmés en fonction du calendrier et des préoccupations des politiques et des pouvoirs publics. Or, évidemment, c’est exactement ce que projette le gouvernement en multipliant les agences placées directement sous sa tutelle administrative ou politique, qu’il s’agisse de l’AERES (agence chargée d’une évaluation robotisée) ou de l’Agence Nationale pour la Recherche (ANR) et de ses appels d’offres ciblés (qu’il s’agisse du cancer ou des accidents de la route). Valérie Pécresse, le 4 Juin 2007 dans Le Parisien le disait explicitement :

« Pendant longtemps, on a financé des structures de recherche plutôt que des projets. Les politiques ne s’autorisaient plus à définir des priorités, et certains organismes ont pris l’habitude de définir eux-mêmes leur stratégie. J’estime que ce pilotage doit être fait par le ministère, avec le concours de l’Agence nationale pour la recherche ». On ne peut être plus clair : le CNRS doit disparaître parce qu’il est autonome. Cette logique est renforcée par le souhait affiché par le Gouvernement de multiplier les sources de financement public en associant aux financements d’Etat des financements régionaux (ce qui fait que, en SHS au moins, on voit fleurir les appels à projets régionaux qui réclament explicitement un ancrage local) et bientôt, pourquoi pas, communaux.

Les demis-malin de l’autonomie se frottent les mains d’avance devant cette multitude de sources nouvelles de financements qui vont éclore, telles mille fleurs au printemps. Surtout s’ils disposent de structures « modernes », de fondations de droit privé, qui permettront de gérer « librement » les fonds, bref de déroger aux règles de la fonction publique en oubliant que, dans certains cas, les règles du privé sont plus contraignantes. L’enthousiasme variera selon les secteurs : les médiévistes qui doivent faire des recherches coûteuses sur des archives précieuses et lointaines seront plus inquiets que les professeurs de marketing. Les scientifiques, habitués à des partenariats avec des entreprises privées pour financer à la marge leur matériel de laboratoire, détournant une bonne part de leur recherches vers des projets finalisés sans grand intérêt, se targueront de leur expérience
passée pour dire que plus de « liberté » dans l’accès aux fonds privés leur donnera de nouvelles marges de manoeuvre pour mener leur recherche. Ils oublient que le gros des infrastructures et les salaires reposent sur des institutions publiques et, souvent, des EPST et que, si l’on sait quand commence le retrait de l’Etat, on voit moins bien où il finit. Quand plus de 50% des ressources viendront de contrats privés (de contrats de plus en plus courts au demeurant) comment feront-ils ? Choisiront-ils librement leurs sujets de recherche, quand leurs techniciens, leur locaux, et, horresco referens, une part croissante de leurs salaires dépendront des contrats ? Et il n’est même pas question ici de l’inégalité structurelle qui règnera entre les grands centres prestigieux (presque tous parisiens et tous construits sur fonds publics) et les petits laboratoires des universités des villes moyennes de province qui auront, certes, toute latitude pour aller chercher des fonds « dans le tissu local ». Belle
autonomie en effet que celle dont rêvent les demi-malins qui prônent la diversification des sources de financement et qui conduit à la multiplication des sources de dépendances. La seule voie crédible pour une réelle autonomie de la recherche est un engagement financier pluriannuel et inconditionnel de l’Etat, expression d’un choix social, auprès d’institutions d’enseignement et de recherche, fortes de structures d’organisation interne pérennes et entièrement définies dans le but de la création de savoir et de connaissance. Cette vision où l’autonomie de l’enseignement supérieur et de la recherche est garantie par l’Etat est totalement incompatible avec la logique libérale aujourd’hui dominante qui veut que soit confié au marché le soin de régler les choix sociaux, choix scientifiques et éducatifs compris.

L’autonomie, un concept moderne et essentiel pour d’autres champs
Une grande partie de ce qui a été dit du champ savant peut être transposée à d’autres univers sociaux. Seule une analyse précise permettrait de saisir de manière juste comment se joue l’autonomie dans les différents champs sociaux. Sans pouvoir entrer dans une telle analyse ici, il est important d’expliciter que le plaidoyer pour l’autonomie n’est pas un plaidoyer pro domo que l’université et la recherche se réserveraient à elles-mêmes. Bien au contraire, la construction d’espaces sociaux autonomes, fondée sur la volonté collective, dépasse largement le cas de l’université et de la recherche et, comme processus général, constitue un moteur essentiel du développement des sociétés.
Le cas de la justice est le plus évident et l’indépendance de la justice ne peut être constituée que par l’action permanente et indéfectible de la puissance publique qui donne aux juges les moyens d’exercer leur magistère indépendamment de toutes les pressions financières, politiques, religieuses ou autres. Y compris les pressions que pourrait être tenté d’exercer l’Etat lui-même, en tant qu’il s’incarne dans un pouvoir politique, doté, à ce titre, d’intérêts spécifiques. L’Etat est la seule institution capable de se lier les mains et de produire des institutions (d’Etat) qui auront potentiellement pour cible les plus hautes sphères du pouvoir d’Etat (c’est une manière de présenter l’idée de séparation des pouvoirs). Cette conception est tout à l’opposée des comités éthiques bidons ou des médiateurs complaisants que mettent en place, quand les dérives sont trop flagrantes, les grandes entreprises, les grandes entreprises des medias en particulier.
Mais ce qui vaut dans le cas de la Justice au point que cela semble presque aller de soi (on imagine mal un tribunal subventionné par un entrepreneur de travaux publics spécialisé dans la construction de prisons et des juges ayant des primes en fonction du nombre de condamnation journalière) doit être en vigueur dans bien d’autres domaines alors que, l’emprise néolibérale fait reculer ce principe partout et, qui plus est, de manière irréversible dans le cadre européen actuel : dans le domaine de la santé, de la culture, dans les médias etc. Ce processus est d’autant plus puissant qu’il s’alimente des acquis constitués par des décennies d’accumulation sur fonds publics et liés précisément au travail préalable de constitution de ces espaces autonomes. Quoi de plus tentant en effet pour le secteur privé que de s’approprier au moindre coût (et en s’entendant dire merci) tout ce qui a été capitalisé dans le champ de la santé et des hôpitaux publics, dans le champ de la culture, de l’enseignement et de la recherche, du sport même (l’Etat construit les stades et entraîne les jeunes athlètes ; les marques et les publicitaires encaissent les bénéfices sur les champions) ? La logique du profit consume en gains économiques instantanés le produit d’une accumulation sociale et collective qui dure parfois depuis plusieurs siècles. Et cela n’est rendu possible que grâce à la complicité active de ceux qui abusent de la position que leur donnent l’accès au pouvoir d’Etat.
La revendication d’autonomie est partagée par de nombreux champs de la société. C’est une revendication légitime, à la fois par ce qui la fonde et par les obligations qu’elle génère. En effet, il ne s’agit pas de dire, évidemment, que l’engagement collectif et les ressources qui sont mobilisées pour assurer le fonctionnement de ces univers autonomes puissent l’être sans retour ni contrepartie. La pérennité de chaque champ dépend nécessairement de sa capacité à montrer à la société la nécessité de son action, à convaincre de la qualité de ses réalisations, dans le domaine de la santé publique, de l’information, de la justice, de
l’enseignement et de la recherche etc. Cela suppose que chaque citoyen dispose des moyens pour se sentir partie prenante de chacun de ses univers sociaux et qu’il en perçoive l’intérêt même s’il n’en est pas acteur mais seulement l’usager. Chacun doit pouvoir être juge de la qualité du système de santé, de la justice, de l’information, de la recherche, de l’éducation… Le rôle de l’enseignement général, du primaire au supérieur, est essentiel à cette fin et suffit à rendre absolument légitimes les ambitions les plus grandes en matière de démocratisation scolaire et d’ouverture des universités.
Conclusion
Cette vision de l’autonomie de l’enseignement supérieur et de la recherche constitue la seule vision d’avenir contenant toutes les possibilités d’évolution nécessaires au maintien d’un haut niveau d’exigence dans les diverses activités que ce champ regroupe, et pouvant servir de fondement pour un nouveau contrat social entre ses membres et l’ensemble de la société. Le programme de réformes que propose le gouvernement actuel est l’exact contrepied d’une telle ambition. En voulant, de bonne foi sans doute, mettre la science au service de la société et du marché, l’enseignement au service de l’emploi et des entreprises, ce gouvernement suit une politique qui semble frappée au coin du bon sens et dans laquelle se reconnait une bonne partie de la gauche libérale. Cette politique est en réalité fondée sur une analyse profondément erronée de la situation et, qui plus est, parfaitement contreproductive, y compris relativement aux objectifs qu’elle prétend défendre. La volonté d’assujettissement de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche en France qui est à la base de cette politique de pilotage par la commande publique ou privée et qui imprime son sceau sur les modes de fonctionnement comme sur la définition des objectifs est, à terme, parfaitement suicidaire : incompatible avec une logique d’invention et de créativité, elle pousse le système, aussi bien dans l’enseignement que dans la recherche, vers un travail de réplication servile. Aujourd’hui plus que jamais, l’autonomie de ce champ reste à construire ; il y a malheureusement fort à parier que cette construction sera l’objet d’un long combat.

L’UFR LLSH de l’Université Blaise Pascal tient pour nul et non avenu le projet de réforme de la formation et du recrutement des enseignants

Motion des personnels de l’UFR Lettres, langues et sciences humaines de l’Université Blaise Pascal
Réunis le vendredi 20 mars 2009 à l’instigation du Doyen de l’UFR, les personnels de l’UFR LLSH (BIATOSS, enseignants, enseignants-chercheurs) ont adopté à l’unanimité des présents (80 personnes) la motion suivante :

  • Considérant l’impréparation manifeste et les contradictions insolubles du projet de réforme de la formation et du recrutement des enseignants porté par le ministère de l’Éducation nationale et celui de l’Enseignement supérieur et de la recherche ;
  • Considérant le rejet massif et argumenté dont cette réforme fait l’objet, aussi bien auprès des organisations étudiantes que des formateurs et des institutions savantes ;
  • Considérant l’incapacité du gouvernement et de ses services administratifs à apporter une réponse satisfaisante aux critiques légitimes faites à l’encontre de ces projets ;
  • Et considérant enfin le trouble qui résulte de la carence des pouvoirs publics dans la continuité de leurs missions regardant le recrutement et la formation des enseignants, et notamment dans la mise au point d’un calendrier réaliste d’organisation des prochains recrutements permettant aux candidats de se préparer dans des conditions satisfaisantes ;

Au vu de cet état de nécessité, les personnels de l’UFR LLSH déclarent tenir pour nul et non avenu, pour l’année à venir, le projet de réforme de la formation et du recrutement des enseignants, et prendre d’ores et déjà toutes les dispositions pour organiser à la rentrée 2009 une préparation aux concours de recrutement des personnels enseignants des 1er et 2nd degrés
dans leur forme actuelle et selon les dispositions réglementaires de candidature actuellement en vigueur.
Ils demandent en outre aux autres composantes de l’Université Blaise-Pascal concernées par ces concours et aux autres universités offrant ces préparations d’assurer de cette manière, et au nom de l’intérêt commun, la continuité des missions du service public d’enseignement et de formation.
Ils demandent à la Présidence de l’Université Blaise-Pascal de s’engager publiquement en ce sens et de demander à chacune de ses composantes impliquées dans la formation des enseignants des 1er et 2nd degrés de prendre les mesures d’application qui relèvent de sa compétence.
Tout en se mettant à la disposition de l’administration et des élus de la nation pour étudier une réforme de ces concours, ils proclament leur refus de toute nouvelle intrusion dans ce qui relève de l’autonomie véritable de l’université : la production et la validation des savoirs.

Et si on parlait de la grille d’équivalence nationale des différentes activités des enseignants-chercheurs …

« Vous me permettrez, avant de conclure, d’ajouter un sujet.
Il nous faudra organiser très vite le groupe de travail destiné à proposer la grille d’équivalence nationale des différentes activités des enseignants-chercheurs. »

La suite (et le début) du discours de Valérie Pécresse au CTPU du 23 Mars : com-discours-ce280a6u-23-03-09.pdf

Avignon enterre son université

Avignon. AG ce matin 10h, plus de 1500 présents répartis sur 4 amphis sur le site principal reliés par vidéo-conférence, visio aussi pour les sites périphériques (le record historique de participation en AG est battu pour la 3eme fois).
Entre 1200 et 1536 suffrages exprimés sur chacun des votes.
– Motion intersyndicale contre la pénalisation individuelle du mouvement social, suite à la mise en garde à vue d’un militant du mouvement : adoptée à une écrasante majorité (vote à mains levées).
– Motions de la 7eme CNU de Strasbourg (voir pièce-jointe) : adoptées à une écrasante majorité (vote à mains levées).
– Reprise totale des cours : rejetée à une très large majorité (vote à mains levées).
– Vote à bulletin secret sur le blocage des cours : le blocage _total_des cours l’emporte avec une très nette majorité des 1536 suffrages exprimés.

15h : le comité de mobilisation (plus de 80 personnes) décide d’enterrer l’Université d’Avignon demain :
Demain 12h : Mise en bierre de l’université sur le site principal
Demain 14h : Convoi funéraire jusqu’au fameux « pont d’Avignon »
Demain autour de 15h30 : dispersion des cendres depuis le pont, dans le Rhône.

Communiqué de presse de la Coordination Nationale des Universités – 25/03/2009

Lors du CTPU (Comité Technique Paritaire Universitaire) Valérie Pecresse a  tenté de passer en force sa nouvelle version du décret sur le statut des  Enseignants Chercheurs alors même que la communauté universitaire dans son ensemble a clairement affiché son refus de ce texte et son exigence d’une prise en compte globale des revendications du mouvement.
La ministre confirme qu’elle n’a d’autre stratégie face à  notre colère légitime  que les manoeuvres, les tentatives de division et le pourrissement de la situation.

Plus de 30 000 manifestants ont encore affirmé hier qu’ils refusent de tomber  dans les pièges grossiers tendus par les ministres Pécresse et Darcos. Les initiatives qui fleurissent partout dans le pays montrent que la communauté universitaire est décidée à  mener jusqu’au bout la lutte pour défendre un vrai  service public de l’enseignement supérieur et de la recherche.

La meilleure réponse de la communauté universitaire à  la surdité du gouvernement sera d’être massivement dans la rue le 2 avril, pour une grande journée de manifestation de défense du service public de l’éducation, de la maternelle à l’université.

Les porte parole de la Coordination Nationale des Universités

Fermeture d’un département de langue et littérature anglaises parce que jugé non rentable !

Une pétition est en ligne, lancée par des collègues britanniques qui subissent ce que nous pouvons prévoir si nous ne mettons pas un frein à la transformation radicale de l’université qui nous est imposée :
http://www.ipetitions.com/petition/Save_linguistics/?e.
De quoi s’agit-il ?
De la fermeture pure et simple d’un département de langue et littérature anglaises dans une université londonienne (Sussex), parce que jugé non rentable, et ce sans aucune consultation ni discussion collégiale mais par pure décision managériale de la direction de l’établissement.

Bon « printemps des colères » à tous !

Les enseignants grévistes en Mathématiques et Informatique à Lyon 1 proposent une validation par défaut des unités d’enseignement touchées par la grève

Les enseignants grévistes en Mathématiques et Informatique à Lyon 1 proposent à leurs étudiants une validation par défaut des unités d’enseignement touchées par la grève :
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Communiqué de presse du mardi 24 mars :
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Après plus de 2 mois de grève, le déroulement du semestre de printemps en mathématiques et en informatique à Lyon 1 est fortement compromis : trois quarts des cours n’ont pas lieu depuis le début du semestre et une évaluation sérieuse des connaissances devient impossible. Les enseignants grévistes de Mathématiques et Informatique proposeront donc par défaut à leurs étudiants la validation de leurs unités d’enseignement et ceci sans évaluation.

L’assemblée générale de Mathématiques et Informatique.
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Mail destiné aux étudiants Math-Info :
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Bonjour à tous,
Malheureusement, après huit semaines de mobilisation, force est de constater que la communauté universitaire n’a rien obtenu à ce jour par rapport à ses revendications et que la sortie de crise ne semble pas d’actualité. Les enseignants de Mathématiques et Informatique réunis en assemblée générale le lundi 23 mars ont constaté que dans certaines UE l’évaluation devient
impossible du fait que la plupart des cours n’ont pas eu lieu. Pour les UE où l’évaluation devient impossible, l’assemblée générale a décidé de proposer *par défaut* à l’étudiant une validation de l’UE sans note (attribution des crédits ECTS). L’étudiant pourra refuser cette validation, soit parce qu’il souhaite refaire l’UE dans des conditions normales ultérieurement,
soit parce qu’une évaluation portant sur un travail personnel est proposée par les enseignants de l’UE. Cette procédure ne pourra être mise en oeuvre que par les jurys d’UE qui sont souverains.
Nous vous proposons une réunion d’informations et discussions pour les étudiants du portail Math-info *le lundi 30 mars à 14h Amphi Ampère*
Les enseignants de Mathématiques et Informatique réunis en assemblée générale le lundi 23 mars

Alerte au retrait de poste sur Galaxie !

Le ministère a retiré des postes qui avaient été publiés sur Galaxie dans le cadre de la campagne de recrutement 2009.
De surcroît, il a retiré  au moins un poste qui non seulement avait été publié, mais qui avait donné lieu à enregistrement de candidatures (lundi le poste était encore ouvert à la candidature). Le message qui s’affiche lorsque le candidat veut consulter sa fiche est : procédure interrompue, candidature sans objet.

Une personne de l’administration de l’université concernée, jointe par téléphone, dit qu’ elle n’a « jamais vu cela ».

La personne qui a signalé l’information a gardé la preuve de l’enregistrement de la candidature (on peut en effet imprimer le récépissé d’enregistrement de la candidature). Candidature enregistrée sur Galaxie le lundi 23. Poste retiré le mercredi 25.

Affaire à suivre …

Le printemps des colères, Jeudi 26 Mars à Nanterre

LE PRINTEMPS DES COLERES : EPISODE I
L’Université de Paris X
Nanterre en lutte invite :
– les enseignant(e)s-chercheur(e)s, les chercheur(e)s, les étudiant(e)s, les personnels BIATOSS, les personnels des IUFM… mobilisé(e)s
– les acteurs et actrices des mouvements sociaux qui s’opposent au démantèlement des services publics et aux atteintes aux libertés :
à venir échanger et débattre,
à poursuivre ensemble la construction de l’expression convergente de notre résistance,
mais aussi à manger, chanter et rire sur le campus de Nanterre
JEUDI 26 MARS 2009, de 10h à 15h
Halls des bâtiments A et B

Au programme :
10h – 12h : onze tables-rondes simultanées de conférences et débats
12h-13h : meeting, avec la participation des acteurs et actrices des mobilisations sociales en cours (universités, cnrs, poste, école, fonction publique)
13h : grand pique-nique et « ambiance guinguette », avec Riton la manivelle et son orgue de barbarie
QUE CHACUN AMENE NOURRITURE ET BOISSONS A PARTAGER !
Puis départ collectif pour l’action des facultés parisiennes
PROGRAMME DES TABLES-RONDES
– Table-ronde n°1 : Quelles réponses à la contestation des projets de réforme de l’Université et de la Recherche ?
Coordination : Christine Sellin-Catta et Emmanuelle Tixier (Département d’Histoire, UPX) Donna Kesselman (Département d’Anglais, UPX)
– Table-ronde n°2 : La masterisation ou la mise en péril de l’enseignement secondaire public
Coordination : Anne Trevise, Claude Dorey, Bernard Cros (Département d’Anglais, UPX), Liliane Picciola (Département de Lettres, UPX)
– Table-ronde n°3 : La situation des personnels BIATOSS : en quoi sont-ils concernés par la LRU ? Quelles revendications ?
Coordination : Intersyndicale BIATOSS de Paris X.
– Table-ronde n°4 : Faire une thèse aujourd’hui, mission impossible ?
Coordination : Collectif des doctorants de Paris X Nanterre,
– Table-ronde n°5: Etre étudiant(e) aujourd’hui: précarité, pauvreté, parcours du combattant…
Coordination : Etudiant(e)s mobilisé(e)s de Nanterre
– Table-ronde n°6 : Les atteintes aux libertés publiques
Coordination : Odile Roy (UFR de Droit, UPX), avec la participation de Sylviane Delzongle Arzel (UFR de Droit, UPX)
– Table-ronde n°7 : Les enjeux de la Culture
Coordination : Jean-Albert Bron (Département Arts et Spectacles, UPX), avec la participation de Frédérique Leblanc (IUT Métiers du Livre), J. Martineau (Département de Lettres, UPX), Sabine Le Blanc (Département d’Histoire de l’Art, UPX).
– Table-ronde n°8 : Les droits des femmes en danger, l’égalité dans l’impasse ?
Coordination : Sabine Fortino, Céline Clément (Département de Sociologie, UPX), avec la participation du MFPF 93, Efigies, Etudions Gayment, SUD-étudiant et CNT.
-Table-ronde n°9 : Justice et injustices environnementales et sociales,  crise écologique, « développement durable »… au sud  et au nord : des questions urgentes pour tous ?
Coordination : Frédéric Landy, Monique Poulot, Chloé Buire et Frédéric Dufaux (Département de Géographie, UPX), Jean Gardin (Paris I)
– Table-ronde n°10 : Crise économique, réponses à la crises : la relance en question
Coordination : Thierry Labica (Département d’Anglais, UPX), avec la participation de postiers du 92 en grève, de cheminots, salariés de Renault Flins…
– Table-ronde n°11 : Vers une gestion libérale, autoritaire et sécuritaire de la santé mentale, de la psychiatrie et de la souffrance au travail.
Coordination : Patricia Attigui, Cyrille Bouvet (UFR SPSE UPX), avec la participation de Laurence Croix, Samuel Lepastier,  Elisabeth Gontier (UFR SPSE, UPX),  (MC SPSE), Dario Morales (SMPR Santé / Sainte),  Brigitte Tarrière  (MGEN).
– Table-ronde n°12 : l’Education en danger : réforme Darcos des programmes scolaires, menaces sur l’école maternelle et sur l’éducation « informelle »…
Coordination : Sarah Devogue (Département de Sciences de l’éducation) et Sylvain Gavroy (étudiant en Sociologie, membre de l’association « Aroeven »)

Et la lutte continue à jeudi à 15h, en D1, avec la « Mobilisation par la musique » (ouvert à tous). Coordination : Estelle Amy, Aurélie Helmlinger, Nicolas Prévôt (Département d’ethnomusicologie)

VENDREDI 27 MARS À 12H30 PRECISES: DIE-IN place de la SORBONNE

Le VENDREDI 27 MARS 2009 À 12H30 PRECISES, UN DIE-IN de l’éducationet de la recherche est organisé place de la Sorbonne et dans le tout le quartier environnant.
Un die-in est une action symbolique au cours de laquelle les participants se couchent sur le sol et dans le silence. La scène,
pacifique et brève, est destinée à représenter les dangers actuellement courus par l’université, l’éducation, la recherche.
Sont appelés à participer les enseignants-chercheurs, étudiants et personnels administratifs des universités, les personnels de
l’éducation nationale, les chercheurs et tous ceux qui soutiennent le service public de l’éducation et de la recherche. Elle constitue un appel pour que le gouvernement écoute enfin les citoyens qui font l’éducation et la recherche dans notre pays. Elle vient en soutien aux motions votées par la Coordination Nationale des Universités.

LES MÉDIAS SERONT PRÉSENTS. L’UNIVERSITÉ SE MEURT. VENEZ NOMBREUX.

DÉROULÉ DES OPÉRATIONS :
– Vers 12h20, rendez-vous sur et autour la place de la Sorbonne  (ou, s’il y a trop de monde, occupez les trottoirs dans les alentours, dans les endroits les plus visibles : Bd Saint-Michel etc). Code vestimentaire : un élément blanc (foulard, bonnet, torchon : toutes choses utiles quand il s’agira de poser la tête au sol).
– A 12h30 pile, une corne de brune donnera le signal de départ du die-in : toutes les personnes participant à l’action s’allongent sur le sol, là où elles se trouvent, et ne prononcent plus un mot pendant cinq longues minutes (évitons tout accident :  utilisez les zones de trottoirs et non la chaussée).
– A 12h35, lorsque la corne de brume résonnera de nouveau, le die-in est terminé. Chacun se relève et se disperse.
NB:  s’il pleut à verse, l’action est annulée (et reportée au lundi 30 à la même heure)

MERCI A CHACUN DE DIFFUSER LARGEMENT.

Les tables de Nanterre

Philosopher en France ?

Bonjour,

Ce matin avait lieu l’ouverture en grande pompe d’un colloque très officiel à la Sorbonne sur l’enseignement de la philosophie avec quelques-uns des « grands noms » – ou supposés tels – de la philosophie universitaire française (cf programme ci-joint). Promu par le Ministère de l’Education nationale ce colloque devait être ouvert par Xavier Darcos ou un de ses représentants. Compte tenu des événements en cours – huit semaines de grève universitaire sans que Madame Pécresse et M. Darcos ne daignent écouter la teneur réelle des revendications du mouvement en cours notamment celles concernant la formation et le recrutement des futurs enseignants justement, un certain nombre de collègues et d’étudiants parisiens, dont j’étais, avaient décidé de participer à ce colloque pour prendre à témoin les présents de cette situation. Evidemment ils n’ont pu accéder à la Sorbonne et à son grand amphithéâtre, quelques vigiles et surtout un nombre certain de CRS les confinant sur le trottoir d’en face – conditio sine qua non pour ne pas être embarqués manu militari. Nous sommes restés entre 8h45 et 9h30 devant l’entrée principale de la Sorbonne à crier un certain nombre de slogans. Je vous laisse juge de leur pertinence (« Darcos nuit gravement au logos » ; « Si vous philosophiez, vous ne sauriez entrer » ; « Honte à vous, Montaigne est avec nous » ; « Concepts sous protection, c’est de la trahison » etc.).

La chose la plus étonnante, et, me permettrai-je de dire, la plus préoccupante, est que pas un, je dis bien pas un, des collègues invités (que ce soit pour y parler ou pour écouter) à ce « grand » colloque que l’on supposera « prestigieux » n’a pensé qu’il pouvait renoncer à y participer dans ces conditions, entrant sous la protection de la police et alors que quelques dizaines de personnes désireuses d’assister à l’événement n’y avaient pas accès. En fait, j’exagère, une seule personne, sans doute touchée par un excès de scrupule a traversé la rue, nous a rejoint et nous a demandé si pénétrer dans les lieux relevait vraiment d’une « trahison » : comme nous sommes plutôt de bons bougres et que nous étions touchés par cette demande nous avons répondu que non et qu’elle pouvait y aller si elle le jugeait bon… La dame en question traversa donc la rue derechef mais, las, elle avait eu le tort de venir parler avec celles et ceux qui étaient écartés des lieux de la pensée officielle et, du même coup, elle en avait été contaminée et fut privée de son droit d’entrée, malgré son invitation en bonne et due forme. La même mésaventure fut subie par un jeune collègue philosophe enseignant dans un lycée, dont on comprendra qu’il préfère garder l’anonymat, et qui ne put entrer malgré ce qui lui avait été promis par son inspecteur (cf son récit ci-joint).
Pour parler de l’enseignement de la philosophie, voire pour écouter ce qui s’en dit en haut lieu, il vaut donc mieux désormais ne pas choquer le ministère de tutelle et ce qu’il faut bien appeler désormais ses sbires. L’époque est triste. Faites-le savoir et diffusez ce message largement si vous êtes aussi choqué par la chose que celles et ceux qui étaient présents ce matin le furent. Merci.

Jean-Louis Fournel (Université Paris 8 et SLU – Sauvons l’université !)

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Aux professeurs de philosophie,

9h15 minutes. Je me présente devant l’entrée du grand amphithéâtre de la Sorbonne muni d’une carte professionnelle sur laquelle le vigile de service pourra lire sans mal « professeur de philosophie ». Conformément au contenu explicite d’un courriel de l’inspection académique, et après avoir déplacé les six heures de cours de la journée, je viens assister au colloque « Enseigner la philosophie, faire de la philosophie ». Il était spécifié dans ce courriel que tout professeur pouvait se présenter spontanément au colloque. La directive venait « d’en haut ». Il se trouve qu’à 9h16 minutes, et après présentation de la carte professionnelle, je me suis vu interdire l’accès à l’amphithéâtre. J’explique au représentant de l’inspection générale que je ne suis pas de Paris, le déplacement administratif des heures de cours, le trajet. La phrase est laconique : vous n’êtes pas sur la liste.

A 9h20 minutes, je croise l’inspecteur de l’académie dans laquelle j’enseigne. Il cherche à intercéder en ma faveur mais en vain. Il faut être sur la liste. En face de l’entrée, un petit comité s’est formé, composé pour une large part d’enseignants à l’université (entre autres Paris I, Paris IV en sciences humaines). Il va de soi que les individus de ce petit groupe qui ont tenté de participer à ce colloque furent refoulés de la même façon. Une dizaine de CRS assure le bon déroulement de l’enregistrement des inscrits sur présentation de l’ordre de mission. Outillé d’un porte-voix, un manifestant lance « la philosophie est dans la rue ».

A 13h, dans un bar du quartier, j’entame la discussion avec deux professeurs de philosophie présentes le matin au colloque. A part quelques remarques ponctuelles sur les interventions, aucun problème ne fut levé. Extrême docilité du corps professoral en philosophie. En guise de préambule, l’inspecteur général, aux dires de ces professeurs, avait accumulé les remarques lénitives sur la bonne santé de l’enseignement de la philosophie. Alors que je les questionne sur le déroulement de la matinée, elles insistent lourdement sur la légèreté des interventions (trente minutes pour chaque intervenant) et remettent en question ce que l’une d’entre elles qualifie de « spectacle ».

Il va de soi que l’on pouvait sans mal anticiper la vacuité politique d’une telle entreprise, brosse à reluire du grand corps « philosophique » français. Alors que l’université française est au plus mal, alors que des professeurs du secondaire, dans la réalité de leurs pratiques, souffrent (dans l’attente inéluctable d’une réforme qui réduira l’enseignement de la philosophie dans l’institution à néant), le « spectacle » suit son cours.

Je dois avouer que la vue de ces professeurs dociles en ordre de mission payée encadrés par un cordon de CRS mais  satisfaits de participer à la grande leçon m’a fait regretter d’avoir choisi, il y a des années, l’enseignement de la philosophie. Alors qu’il s’agirait, selon le bulletin officiel, d’éveiller la conscience critique de l’élève « citoyen », les maîtres se plient à un pouvoir qui leur assure la gamelle. Alors que les questions de la philosophie et celle de la politique sont à jamais liées, à l’heure de la grand messe, les professeurs de philosophie devront se contenter de machouiller l’hostie en silence mais avec la bonne feuille dans le cartable.

Pourquoi pas un colloque ? A défaut du reste, pourquoi pas. Seront attendus (comme autant de pré-requis) la docilité du grand corps des fonctionnaires, une dose non négligeable de naïveté et d’inconséquence, une tempérance humaniste dopée à la flatterie, la peur de perdre le peu qu’il reste, une bonne volonté et une volonté bonne, un amour du problème qui ne dérange personne, le sentiment excellent d’être encore une élite, la conscience suraiguë de la mission d’en haut, des démissions d’en bas, de l’indifférence du milieu, la foi dans l’universel à diluer, les souvenirs d’étude, la réminiscence de l’odeur des boiseries, le crissement de la craie, toutes ces madeleines de prof – puisqu’il est désormais convenu d’amputer le signifiant.

Le jour où l’enseignement de la philosophie aura définitivement disparu, il sera trop tard pour pleurer. A moins, et c’est une hypothèse que je n’exclue pas, que le renoncement à la philosophie comme puissance politique de dérangement soit tel que personne, plus personne, ne vienne pleurer sa disparition. Le sourire aux lèvres, il ne restera plus aux professeurs qu’à enseigner en boucle la tranquillité de l’âme après la mort du corps politique.

Pour cet enseignement, n’ayez crainte, il y aura toujours des postes.

Un professeur agrégé de philosophie

Le SNESUP et FO quittent le CTPU (23 Mars)

Le SNESUP-FSU  (7élus) et FO (1 élu), soit plus de la moitié des sièges, ont quitté la séance du CTPU (Comité Technique Paritaire Universitaire) ce mercredi matin devant le refus de V. Pecresse de revenir sur la modulation qui revient à alourdir les services des enseignants-chercheurs et remet en cause le caractère national de leur statut. Après une bataille d’interventions pour arracher quelques modifications de principe (missions des enseignants-chercheurs, rattachement à une équipe de recherche,…), et devant cette obstination sur l’un des aspects essentiels du texte statutaire, le SNESUP comme FO a demandé, à 1h30 du matin, une suspension des travaux du CTPU. La ministre a brutalement refusé tout en tentant retenir les élus du SNESUP pour annoncer des augmentations de CRCT (congés scientifiques) dans  leur attribution pour moitié par les sections du CNU, comme la fixation à 50% de la part des promotions attribuée à ces mêmes sections du CNU…toutes deux revendications de longue date du SNESUP.
Le refus précis de V Pecresse sur les services comme son refus global de répondre à l’ensemble des revendications appelle à intensifier les mobilisations de la communauté universitaire pour l’abandon de ce décret et des autres dispositifs contestés.

Paris le 25 mars
jean fabbri secrétaire général du snesup

la Présidente de l’université Paris Ouest Nanterre écrit au Premier Ministre

Veuillez trouver ci-dessous la lettre que la Présidente de l’université a adressée au Premier Ministre à la date du 23 mars 2009.

Nanterre, le 23 mars 2009
La Présidente,
À
Monsieur le Premier Ministre

Monsieur le Premier Ministre,
Que l’Université française ait besoin d’un nouvel élan est aujourd’hui une idée largement admise. Je peux vous assurer qu’elle est amplement partagée par la communauté universitaire. Depuis son installation, votre gouvernement s’emploie activement à engager des réformes cohérentes avec la logique politique qui est la vôtre. Aujourd’hui cependant, il faut me semble-t-il se rendre à l’évidence : malgré ce que Madame la Ministre et vous-même dans vos propres déclarations avez présenté comme des ouvertures, ces réformes sont quasi unanimement rejetées. Les tensions s’exacerbent, chacun peut le constater. Je tiens, en tant que présidente d’université, à vous faire part des très vives inquiétudes qui sont les miennes.
Faute de réponse appropriée, les différents mouvements de protestation se radicalisent. L’absence de prise en compte de leurs revendications et la poursuite de ces mouvements, en mettant en péril le second semestre d’enseignement, déconsidèrent le projet de réforme, qui ne peut plus prétendre oeuvrer pour le bien de l’enseignement supérieur et de la recherche en France. Je vois (qui ne le verrait pas) s’accumuler dans les semaines qui viennent de très grandes difficultés. L’Université peut-elle être mise en mouvement pour affronter l’avenir ? Oui, j’en suis certaine. Face à l’évolution du monde universitaire au plan international, il faut agir et mobiliser l’ensemble de la communauté universitaire. De plus, nombre de solutions aux difficultés économiques et sociales de la période passent par une nouvelle intelligence collective de notre société. Dans cette construction, les universitaires et les chercheurs, avec bien d’autres, dont les travailleurs intellectuels de demain que sont nos étudiants, doivent jouer un rôle irremplaçable dans les réflexions de fond qui restent à mener. Pour mobiliser de manière constructive la communauté universitaire et la richesse de réflexion et de propositions qu’elle représente, deux conditions me paraissent devoir être réunies :

  • – rétablir un climat de travail serein en suspendant, sans équivoque, la mise en oeuvre des hypothèses de changement qui ont prévalu jusqu’ici ;
  • – faire appel aux forces vives de l’Université pour construire avec elles, et tous ses partenaires, dans le respect et le dialogue, une nouvelle dynamique à la hauteur des enjeux.

Souhaiter une Université mobilisant toutes ses forces pour explorer avec audace des chemins nouveaux, passe par une confiance renouvelée et la reconnaissance de l’indépendance et de l’autonomie réelle de la communauté universitaire. Ces deux dimensions sont indispensables pour reconstruire un partenariat fortement mis à mal par des réformes si mal engagées.
Monsieur le Premier Ministre, la situation telle que je la perçois est grave et dans les universités l’horizon proche est lourd de menaces. Je suis persuadée que vous saurez rétablir les conditions minimales du dialogue républicain.
Je vous prie de recevoir, Monsieur le Premier Ministre, l’expression de ma plus haute considération.
Bernadette MADEUF
N.B. : face à l’inquiétude de la communauté universitaire, je l’informe de cette démarche.

Comment fait-on la grève ailleurs ? Syndicalisme et piquetage à l’UQAM

ci-dessous le texte d’un ami français sur le déroulement de la grève des EC à l’UQAM

—-  Mais que font ces bonshommes et dames figés, piétinant par –10°C dans le centre de Montréal ? Intrigué, on s’approche : « spuq » est leur devise, « on n’est pas coupable » leur cri de guerre. La gentille province du Québec renouerait-elle avec le pilori, en condamnant ses repris de justice à se transformer en glaçons ? Nenni. Seulement des profs qui piquètent avec ferveur –au passage, inutile d’aller chiper quelque picketing au perfide voisin, le piquetage est un mot bien présent dans la « trousse de francisation » que l’on remet aux nouveaux arrivants. Un professeur explique : « Fait qu’là, c’est ça, on piquette, on fait le piquet de grève, là. C’est ça. » Tout est dit. Les professeurs de l’Uqàm (on tient beaucoup à l’accent), Université du Québec à Montréal, sont en conflit ouvert avec la direction, pour des questions de contrats (qui nous échappent un peu). Ils ne sont pas coupables, comprenez, ils ne veulent pas qu’on « coupe » leurs postes. Autre objet de grogne, on menace de leur attribuer un « cinquième cours » pour le même salaire. Les problèmes d’eux aut’ ne seront pas sans rappeler certaine situation chez les « Frinçais d’ Frince ».  Pourquoi, pour une fois, ne pas s’inspirer des pratiques de nos cousins américains plutôt que de leur donner des leçons ? La technique a l’avantage de la visibilité : devant chacune des nombreuses entrées de chacune des nombreuses « bâtisses » de l’université, un bon groupe d’une vingtaine de professeurs piquette depuis maintenant deux semaines sans relâche, de 8h du matin à 18h. Ça consiste à être icit’, taper dans les mains, faire sonner les trompes (d’où de jolis concours de trompes d’un côté à l’autre de la rue), distribuer des tracts, et brandir des pancartes –à peu près une par personne, soit un joli porc-épic de revendications. Avec leurs bonnets noirs estampillés « spuq », le Syndicat des Professeurs de l’UQàm, et leurs écharpes oranges façon révolution ukrainienne, ils ont un petit air de dés de melon au bout d’un cure-dent. Ça fait bien rire en tout cas, c’est un moment convivial, les fumeurs crapotent à tout va, les autres parlent de la poutine qu’ils iront bouffer une fois leur shift terminé –car évidemment, on se relaie, pas question de rester la journée à se frigorifier. Avec 1000 professeurs grévistes, ce n’est pas difficile. Il faut dire que les conditions ne sont pas du tout les nôtres. Au Québec, lorsqu’un syndicat (unique) s’introduit dans une entreprise, l’affiliation de tous les employés est obligatoire. Elle est assez onéreuse. De la même façon, la grève est unitaire : on a le droit de s’entredéchirer à l’envi lors des réunions syndicales pour décider si l’on fera ou non grève, mais une fois celle-ci votée, elle est obligatoire pour tous. Autrement dit, 1000 professeurs, 1000 syndiqués, 1000 grévistes, 1000 piqueteurs. Egalement, 1000 bonnets noirs spuq, 999 écharpes oranges (j’en ai vu une emportée par le vent) – accessoires offerts par le syndicat, c’est le moins.

Pas de manifestations ponctuelles, donc, pas de défilés, mais une présence constante le temps de la grève –votée pour cinq jours, soit une semaine, reconductible en fonction des propositions de déblocage du recteur ou du ministre. La visibilité est certes garantie par le fait que l’Uqàm n’a pas vraiment de campus, et que ses locaux sont en plein centre-ville. La fonction du piquetage est en fait surtout d’empêcher l’accès aux bâtiments, car 60% de l’enseignement est dispensé par des chargés de cours, qui eux, en tant que contractuels, n’ont pas le droit de grève (et ne sont pas concernés par les mesures visant les professeurs). C’est donc professeurs contre chargés de cours et surtout contre étudiants –ceux-ci un peu rancuniers de ce que l’an passé les professeurs n’aient pas soutenu leur grève à eux (et là, on songe derechef qu’à 6000 km de distance il en allait un peu de même il y a un an). Les professeurs n’ont évidemment pas le droit d’interdire l’accès aux bâtisses, mais discutent, tentent de convaincre, drapent les portes d’une banderole suppliant de « respecte(r ) notre piquetage svp ».

Que retenir de ce modèle ? Que le orange est la couleur des révolutions, qu’il fait meilleur manifester au printemps à Paris que l’hiver au Québec, que l’occupation des entrées de locaux est légale (à quelques mètres), non-violente et dissuasive pour les éventuels briseurs de grève (traités d’un nom infâme et québécois). A bons entendeurs !

Journée de mobilisation du 24 mars

(synthèse reçue sur la liste de la SAES (Anglicistes du Supérieur))

Journée de mobilisation du 24 mars : des blocages et actions « coup-de-poing ».

30 000 personnes selon le Snesup-FSU ont manifesté en France, à l’occasion d’une nouvelle journée de mobilisation « de la maternelle à l’université », mardi 24 mars 2009. Ils défilaient notamment à l’appel de la « coordination nationale des universités » (L’AEF n°111324 <http://www.aef.info/public/fr/abonne/depeche/depeche_detail.php?id=111324>). Lors de la précédente journée de manifestation dans l’enseignement supérieur et la recherche, ils étaient entre 50 000 et 80 000 selon les
organisateurs. À Paris, entre 5 000 et 15 000 personnes ont défilé de Port-Royal au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, où se tenait au même moment le CTPU sur le décret statutaire des enseignants-chercheurs et le décret du CNU (L’AEF n°111348 <http://www.aef.info/public/fr/abonne/depeche/depeche_detail.php?id=111348>). Cette journée a été marquée aussi à certains endroits par des blocages et des actions « coup-de-poing ». A d’autres endroits, les blocages ont
été levés totalement ou partiellement.

RÉGION PARISIENNE

  • PARIS-I. Une AG réunissant 250 personnes s’est déroulée sur le site de Tolbiac, indique la présidence de l’université Panthéon-Sorbonne. Toujours selon la présidence, aucun blocage n’a été constaté sur les différents sites de Paris-I. S’agissant de la tenue des cours, « il est difficile de faire un bilan précis il y a certaines UFR où tout fonctionne, d’autres dans lesquelles les cours de L1 et L2 n’ont pas lieu. Globalement, les cours de master sont maintenus, c’est surtout le premier cycle qui est touché par les grèves », ajoute la présidence.
  • PARIS-VIII. Une AG unitaire a rassemblé environ 400 personnes, mardi 24 mars, indique l’université Paris-VIII Vincennes Saint-Denis.
  • PARIS-X. 70 personnes ont occupé les locaux de l’université Paris-Ouest Nanterre La-Défense (Paris-X), indique un étudiant de l’université, mardi 24 mars. Cette décision a été prise en assemblée générale, qui a réuni hier, environ 500 personnes, estime-t-il. « À Nanterre, la situation est mitigée, certains jours il y a des actions importantes et d’autres les cours ont lieu normalement », précise l’étudiant. « Aujourd’hui, nous ne sommes plus du tout sur les problèmes statutaires des enseignants-chercheurs, notre contestation se concentre sur le rejet de la loi LRU et du pacte pour la recherche », poursuit-il.
  • PARIS-XII. « À Paris-XII, la mobilisation est très locale et est notamment concentrée en lettres et sciences humaines », indique Simone Bonnafous, présidente de l’université Paris-XII Val-de-Marne. « Il y a toujours des AG. Pour les rattrapages de cours, la question ne se posera qu’en fac de lettres qui entame sa huitième semaine de mobilisation », précise un représentant de l’université. « En droit, qui a connu également une certaine mobilisation, des dispositions ont déjà été prises pour rattraper les cours. »

OUEST ET CENTRE

  • CAEN. Les 619 étudiants réunis en AG dans la matinée sur le campus 1 de l’université de Caen se sont prononcés à une courte majorité en faveur d’un blocage des bâtiments de l’université en lieu et place de l’actuelle occupation de quelques bâtiments du campus 1. Selon le décompte des organisateurs de l’AG, 306 étudiants ont voté en faveur du blocage, 188 ont voté contre, 118 se sont abstenus et 7 étudiants n’ont pas pris part au vote. Interrogé par l’AEF, Thibault Leroy-Mignot président de l’Unef Caen, hostile au blocage, ne croit pas dans sa « mise en ouvre effective ».« Il est possible que quelques bâtiments de l’UFR de sciences soient bloqués, mais pas davantage. » Une manifestation organisée dans l’après-midi s’est dirigée vers le campus 2 pour sortir les tables et chaises des bâtiments, dans le cadre d’une opération « printemps des chaises » destinée à empêcher la tenue des cours. Les cours restent suspendus dans une partie des UFR de l’université de Caen, notamment histoire et sciences de l’homme. En revanche, les UFR de psychologie, langues vivantes étrangères et droit fonctionnent quasi normalement. Par ailleurs la question de la possibilité de maintenir ou non l’organisation des examens est de plus en plus souvent abordée, notamment dans le cadre des AG d’enseignants.
  • ROUEN. La dernière AG organisée sur le campus de Mont-Saint-Aignan a réuni environ 800 personnes lundi 23 mars 2009. Elle a décidé d’organiser une « nuit des universités » jeudi 26 mars 2009 dans la soirée avec des débats et une éventuelle « retraite aux flambeaux ». Aujourd’hui, 150 à 200 étudiants se sont réunis pendant une réunion du CA de l’université qui s’est tenue à partir de 14h. La pré-ouverture rapide des pré-inscriptions à l’IUFM pour la prochaine rentrée a été actée par le CA. Les étudiants mobilisés ont ensuite perturbé la circulation dans les rues de Mont-Saint-Aignan pendant environ 1h30. Une partie des étudiants impliqués dans le mouvement a rejoint la manifestation parisienne.
  • LE HAVRE. L’assemblée générale étudiante organisée hier lundi 23 mars sur le campus de l’université du Havre a réuni environ 600 personnes. Elle a voté à une courte majorité l’organisation d’un « printemps des chaises » avec 299 voix, le solde des voix étant réparti entre les votes « contre » et les « abstentions ». Aujourd’hui mardi, les cours se sont tenus « à peu près correctement » selon les services de l’université, une partie des étudiants ont toutefois été contraints de rentrer les chaises et bureaux dans les locaux de l’université pour permettre la tenue des cours. Une prochaine AG est prévue pour jeudi. La question de la possibilité de maintenir l’organisation des examens dans les délais normaux commence à être abordée par certains directeurs de composantes de l’université.
  • RENNES. Plus de 3 000 étudiants de l’université Rennes-II Haute- Bretagne, réunis lundi 23 mars 2009 en AG, ont voté « à une grande majorité », selon l’Unef, pour le blocage partiel de l’université (c’est-à-dire uniquement les jours de mobilisation), au terme d’une assemblée de près de cinq heures. Ce vote met fin au blocage total de l’université, voté le 9 février dernier. Une nouvelle AG aura lieu jeudi prochain à 15 heures, après la manifestation prévue à 11 heures. Les enseignants, réunis de leur côté en assemblée générale, ont également voté pour la grève les jours de manifestation. La direction de l’université Rennes-II appelle tous les étudiants de l’université « à rejoindre leurs campus pour la reprise des enseignements le mercredi 25 mars 2009 à partir de 8 heures ». Aujourd’hui, une manifestation est partie à 17h30 de la mairie de Rennes et a rassemblé environ 300 personnes selon l’Unef.
  • LORIENT. Environ 300 étudiants en lettres de l’université de Bretagne-Sud, selon la présidence, se sont réunis en assemblée générale lundi 23 mars. Ils ont reconduit le blocage partiel de l’université jusqu’à lundi prochain, date de la prochaine assemblée générale. La présidence indique que seuls les cours magistraux sont perturbés. La nuit prochaine, des étudiants occuperont le Paquebot (bâtiment de l’UFR lettres), comme ils le font déjà depuis plus de deux semaines. À l’IUT de Lorient, les cours sont également perturbés. Des barrages filtrants ont été mis en place.
  • BREST. Près de 400 étudiants en lettres de l’UBO (université de Bretagne-Occidentale) ont reconduit hier, lundi 23 mars 2009, le blocage de leur UFR. Une nouvelle AG est prévue mercredi. En sciences, la direction de l’UFR a organisé lundi un vote à bulletins secrets. Sur les 2 590 étudiants sollicités, 588 ont voté. Au final, 306 se sont exprimés pour le blocus de l’établissement et 276 contre. Lors de l’AG organisée en sciences vendredi dernier, les étudiants avaient décidé de ne pas reconduire le blocus pour lundi, blocus qui est finalement maintenu. Une nouvelle AG étudiante pourrait avoir lieu demain en sciences. À l’UFR de lettres et sciences humaines, un vote à bulletins secrets a également été organisé aujourd’hui. Sur les 3 427 étudiants inscrits en lettres, 732 ont voté ; 61 % se sont exprimés contre le blocus. « L’AG étudiante a décidé de ne pas reconnaître les résultats de ce vote », prévient Noémie Pailler, la responsable de l’Unef Brest. Une AG étudiante aura lieu demain. De son côté, la directrice de l’UFR de lettres a décidé de convoquer mercredi une réunion extraordinaire du conseil de gestion de l’UFR, pour faire le point sur la situation.
  • NANTES. Plus de 1 200 étudiants de l’UFR sciences de l’université de Nantes ont voté hier, lundi 23 mars, la fin du blocus, effectif depuis environ six semaines : 579 ont voté contre le blocus et 490 pour. Les cours reprendront mercredi matin. Le calendrier des examens devrait être décalé. En lettres et sciences humaines, au cours d’une AG qui a rassemblé aujourd’hui environ 1 500 personnes, selon l’Unef (l’AG prévue hier avait été reportée, faute de participants), le blocus est reconduit jusqu’à mardi prochain. L’UFR Staps a elle aussi reconduit le blocus. Les doyens ou directeurs d’UFR qui ont connu ou connaissent encore un blocus constatent dans un communiqué commun l’impossibilité de maintenir le calendrier des examens du second semestre tel qu’il était initialement prévu. Les UFR concernées travaillent à la réorganisation du calendrier, avec des cours de rattrapage et de nouvelles dates d’examen. Un rassemblement a été organisé cet après-midi à Nantes :environ 200 étudiants et enseignants étaient présents, selon l’Unef.
  • ANGERS. Pas de manifestation aujourd’hui à Angers, où l’université reste bloquée les jours de mobilisation. Le blocage partiel a en effet été reconduit aujourd’hui lors d’une AG étudiante de 400 à 500 personnes, selon l’Unef, qui note une baisse de la mobilisation. La prochaine manifestation est prévue jeudi 26 mars.
  • LE MANS. Une centaine de personnes, d’après la préfecture, enseignants en lycée professionnel et étudiants, ont manifesté ce matin au Mans. Hier, lors d’une AG étudiante qui a rassemblé environ 300 personnes selon l’Unef, les étudiants de l’université du Maine ont décidé de ne pas bloquer l’université ce mardi, mais d’organiser un barbecue devant la maison de l’université à 19 heures. Ce pique-nique sera suivi d’une descente aux flambeaux dans les rues du Mans, où les étudiants devraient retrouver des professeurs du premier et du second degrés. Certains enseignants de l’université du Maine continuent à organiser des cours hors les murs. Une AG commune aux étudiants et aux personnels de l’université aura lieu mercredi à midi.
  • ORLÉANS. 200 étudiants selon la police, 400 selon l’Unef ont défilé ce matin dans les rues d’Orléans. Une assemblée générale s’est tenue à l’université cet après-midi, et aurait réuni près de 1 000 personnes, selon la porte-parole de l’Unef. Cette AG a voté la poursuite du mouvement et du blocage, tandis que de nouvelles actions seront organisées jeudi. Par ailleurs, la présidence de l’université confirme que les UFR de sciences, lettres, Staps, ainsi que l’IUT « sont toujours fermés ». « Seuls quelques cours de masters et de préparation aux concours peuvent avoir lieu. »
  • TOURS. Une manifestation a rassemblé 200 personnes à Tours, selon la police. L’Unef avance les mêmes chiffres. Le site des Tanneurs (lettres, arts, SHS) de l’université François-Rabelais est toujours bloqué. « Une assemblée générale doit décider demain de la poursuite du mouvement », affirme Camille, porte parole de l’Unef.

GRAND SUD-OUEST

  • POITIERS. « Il y a eu une manifestation avec des professeurs de lycée professionnels ce mardi après-midi, au moins 500 personnes au total, avant une « nuit de l’éducation » à l’IUFM », déclare Nathalie Villard, déléguée Snasub-FSU. Aucune estimation n’a pu être obtenue par téléphone auprès de l’hôtel de police de Poitiers. Le 11 mars, les manifestants étaient un millier pour la police, 1 300 selon les organisateurs. Ce mardi 24 mars, alors que les enseignements reprennent progressivement UFR par UFR pour éviter de compromettre l’année des étudiants, personnels et étudiants devaient se retrouver dans la soirée en assemblée générale pour remettre au vote à main levée le blocage partiel de l’université lancé le 17 mars. Selon Nathalie Villard, « c’est remis à jeudi ».
  • LIMOGES. Ce mardi 24 mars, « il n’y a pas eu de défilé à proprement parler à Limoges. Des étudiants ont bloqué les services centraux de l’université », indique Chloé Conant du Snesup-FSU. Elle ajoute : « Les personnels se rassemblent ce mercredi soir à l’IUFM pour retrouver des collègues du premier et du second degrés : on se plaignait déjà d’une réforme qui n’était pas applicable et cet empilement de mesures transitoires rajoute à la confusion. Le collectif de Limoges demande le retour sur les décrets relatifs aux statuts et à la masterisation et une remise à plat de loi LRU.». La veille, le lundi 23 mars 2009, une assemblée générale étudiante a voté le blocage total de l’université jusqu’à demain midi, mercredi 26 mars, « à 84 voix pour le blocage total, 54 voix pour un blocage partiel, 11 contre, 5 abstentions et 3 refus de vote » indique la présidence. Jusqu’à présent, ces assemblées votaient la suspension des enseignements uniquement les jours d’appel à manifester national.
  • LA ROCHELLE. « Des étudiants ont défilé dans le centre-ville ce mardi après-midi. Ils étaient environ 350, un peu moins nombreux que les fois précédentes », indique la police ce mardi soir. « Nous voulons à tout prix éviter le blocage et très peu d’étudiants sont vraiment investis dans ce mouvement », rappelle Simon Benoit, de l’Unef.
  • BORDEAUX. Quelques centaines d’étudiants et d’enseignants-chercheurs se sont réunis ce mardi 24 mars 2009 en centre-ville à Bordeaux. « Nous considérons que les dernières propositions de Xavier Darcos ne constituent en rien une avancée. Au bout de sept semaines de mobilisation, cette semaine est test : soit le mouvement se maintien et le gouvernement tient, et c’est le blocage, soit le gouvernement revient sur les statuts, la masterisation et les postes supprimés dans l’éducation nationale pour la rentrée prochaine », estime Adrien Mazières-Vaysse, de Sud-Étudiant Bordeaux. Depuis le mardi 17 mars 2009, trois des quatre universités bordelaises sont concernées par des blocages. Blocage total à Bordeaux-III Michel-de-Montaigne jusqu’à la prochaine assemblée générale mixte, prévue mercredi 25 mars 2009. Blocage partiel à Bordeaux-II Victor-Segalen, uniquement les bâtiments de sciences de l’homme, reconduit à une nette majorité ce mardi 24 mars à la mi- journée par un millier de personnes. À Bordeaux-I, la présidence a décidé ce mardi soir de prolonger jusqu’au lundi 30 mars, 8h, l’arrêté du 17 mars suspendant les enseignements sur le campus et « d’organiser une consultation électronique anonyme » auprès des étudiants au sujet du blocus mis en place le 13 mars par un petit groupe d’étudiants. Une nouvelle assemblée générale étudiante était prévue ce mercredi, à la mi-journée. Ce mercredi 25 mars verra une assemblée générale se tenir à Sciences Po pour la seconde fois, des étudiants de l’IUT Renaudel installer le blocage voté ce mardi 24 mars et enfin une assemblée générale étudiante à Bordeaux-IV Montesquieu, qui devrait proposer le blocage de l’université.
  • PAU. « Nous avons désormais rejoint le collectif que viennent de constituer les enseignants, après s’être aperçus qu’ils risquaient de perdre 14 postes du fait de la diminution annoncée de 12 % du budget de l’IUT. Ce mardi, pour la première fois, une assemblée générale a réuni 3000 étudiants et enseignants, qui ont voté le blocus à une majorité écrasante. mais
    personne n’était là pour le mettre en place. Avec l’aide des profs nous avons fait un barrage filtrant, nous sommes retrouvés à 500 devant l’IUT, puis la police nous a autorisés à improviser une manifestation jusqu’à la préfecture, où une délégation a été reçue », affirme un des étudiants de l’IUT génie civile syndiqué à l’Unef, Mathéo Illera, avant de préciser qu’« une nouvelle assemblée générale est prévue demain [mercredi 25 mars], essentiellement pour faire le compte rendu de ce que nous avons dit en préfecture ». Pour ce qui est de l’université de Pau, le blocage des locaux remis en place le 17 mars 2009 à l’issue d’une assemblée générale « est prolongé de fait de 24h puisque l’assemblée générale qui devait avoir lieu ce mardi 24 mars à la mi-journée à dû être repoussée le temps de trouver des locaux appropriés », indique la présidence.
  • TOULOUSE. « Entre 300 et 350 personnes », selon la préfecture, et « 2 000 » selon l’Unef ont défilé dans les rues de Toulouse mardi 24 mars 2009. « La mobilisation ne faiblit pas mais certains sont arrivés à 14h30 alors que la manif n’a commencé qu’à 16 heures », explique Ludivine Labbé, présidente de l’Unef Toulouse. Émile, membre du comité étudiant « UPS en lutte », avance « la peur de certains étudiants devant la proposition d’un petit nombre d’étudiants du Mirail de faire éclater des pétards élaborés à partir de mélange artisanal lors de la manifestation ». L’AG de Toulouse-III (Paul-Sabatier) avait d’ailleurs appelé un peu plus tôt à ne pas se rendre à la manifestation. « Nous sommes intervenus pour dire que la radicalité n’est pas de faire des opérations coup-de-poing qui ne sont pas comprises des étudiants et du grand public. Il faut plutôt aller vers une massification du mouvement », estime la représentante de l’Unef.
    À Toulouse-I, « une dizaine de profs de l’IEP et une cinquantaine d’étudiants ont participé à un « printemps des chaises », mardi 24 mars 2009, devant les locaux de l’IEP de Toulouse, déclare Grégoire, porte-parole du « comité des étudiants de l’UT1 (Arsenal/IEP) ». « Une cinquantaine d’étudiants », selon la présidence, ont ensuite occupé le hall de l’université Toulouse-I, situé en face de l’IEP, pour obtenir un amphi de la part du président Bruno Sire. « Une AG rassemblant 300 étudiants » s’est réunie à 12h30 et a décidé de « mettre la question du blocage de l’Arsenal à l’ordre du jour de l’AG de jeudi 26 mars », indique Grégoire. La présidence d’UT1 a fait appel à une société privée de sécurité pour « préserver le calme et la sécurité sur le campus ». Seuls les étudiants inscrits à UT1 et présentant leur carte d’étudiant sont autorisés à entrer dans les bâtiments. À Toulouse-II Le Mirail, « une cinquantaine de personnes, dont une grande majorité de personnels ont envahi le congrès », annonce Jef, porte- parole Aget-FSE de Toulouse-II, mardi 24 mars 2009. La présidence de Toulouse-II évoque « l’intrusion d’une quarantaine de personnes ». « Le congrès n’a pas pu délibérer afin d’indiquer à la présidence une position commune fixant les principes qui doivent guider notre université en période de crise », indique Daniel Filâtre, président, dans un communiqué daté de mardi 24 mars. Selon lui, « deux exigences s’étaient fait entendre lors de ce congrès : une mobilisation déterminée au nom de principes intangibles et la nécessité d’accomplir nos missions auprès de tous les étudiants, en particulier ceux de licence. La présidence condamne le mépris manifesté par certains à l’égard des institutions de l’université. » Devant la décision des étudiants de reconduire le blocage et l’envahissement du congrès « qui marquent un tournant inquiétant dans les formes du mouvement actuel et fragilisent l’université », estime Daniel Filätre, la présidence de Toulouse-II « réitère sa condamnation des blocages et lance un appel pour que toutes les parties en présence à l’université se rassemblent pour rechercher aussi rapidement que possible une issue à cette crise ». Vers midi, « 1 500 étudiants ont reconduit les piquets de grève jusqu’au mardi 31 mars », indique Jef de l’Aget-FSE. « Nous sommes en train de nous diriger vers un mouvement inter-lutte avec les travailleurs sociaux qui sont venus participer à l’AG du Mirail. » De son côté, l’Unef parle d’une « belle AG qui a rassemblé entre 1 300 et 1 500 étudiants ».
    À Toulouse-III Paul-Sabatier, « 700 personnes dont une très grosse majorité d’étudiants », se sont prononcés en faveur du « blocage partiel » mis en place depuis le 23 mars, lors de l’AG de mardi 24 mars 2009, indique Émile,
    étudiant membre du comité UPS en lutte. Étudiants, enseignants-chercheurs et présidence se sont mis d’accord pour assurer les cours le matin et fermer les bâtiments d’enseignement l’après-midi. Gilles Fourtanier, président de l’université, souhaite la tenue d’un « référendum », demain, mercredi 25 mars. « Des débats ont eu lieu entre les étudiants sur cette question du référendum », précise Émile mais l’AG ne s’est pas prononcée sur le boycott ou non de cette consultation.
  • MONTPELLIER. « La manifestation « statique » a réuni 300 personnes » sur la place de la Comédie de Montpellier, recense Patrick Canadas, représentant Snesup de Montpellier-II. « Nous avons dessiné des silhouettes à la craie pour signifier la mort du service public de l’Éducation nationale », précise-t-il. D’autres actions rassemblant les différents niveaux de l’éducation sont envisagées, comme une marche aux flambeaux le 2 avril. À Montpellier-II, « la situation est calme et les AG sont un peu moins suivies que ces dernières semaines », indique la présidence à l’AEF, mardi 24 mars 2009. « Quelques salles sont encore bloquées, un amphi est difficile d’accès et quelques enseignants grévistes n’assurent pas leur cours. » « Les cours ont repris à Montpellier-II, suite à l’AG de jeudi 19 mars », déclare, de son côté, Tina Biard, présidente de l’Unef Montpellier. « La mobilisation ne faiblit pas et la grève administrative entamée dans les labos devrait s’amplifier. De plus en plus de labos décident de ne pas faire remonter les évaluations de l’AERES  », note Patrick Canadas, du Snesup. À Montpellier-III Paul-Valéry, « une quinzaine d’étudiants a forcé l’entrée d’un amphi pour l’occuper mais ils ont finalement quitté le campus »,
    indique Anne Fraïsse, présidente de l’université . « J’ai remis deux interdictions nominatives d’être présent sur le campus, devant témoins. J’ai toujours dit que j’utiliserais tous les moyens mis à ma disposition pour lutter contre les casseurs et ceux qui nuisent à l’université », rappelle la présidente qui attend désormais l’AG de jeudi 26 mars pour connaître la suite donnée à la mobilisation par les étudiants. « Le problème n’est pas de savoir si les étudiants sont pour ou contre le blocage car nous
    savons bien qu’ils sont globalement contre. La question est de savoir quand serai- je en mesure d’appliquer l’avis majoritaire des étudiants », interroge Anne Fraïsse. En fin de semaine dernière, une consultation électronique lancée
    par l’équipe de direction auprès des étudiants avait majoritairement décidé du déblocage de Montpellier-III. 60,5 % des 3 475 votants étaient pour le déblocage (L’AEF n°111296 <http://www.aef.info/public/fr/abonne/depeche/depeche_detail.php?id=111296>). « Une trentaine d’étudiants », selon Tina Biard, avaient décidé de maintenir les piquets de grève, en attendant l’AG du jeudi 26 mars.
  • PERPIGNAN. « Vu les mouvements actuels de mobilisation dans les universités », Jean Benkhelil, président de l’université Perpignan Via Domitia, a décidé la suspension des enseignements jusqu’au 28 mars 2009 inclus, a-t-il fait savoir aux personnels de l’établissement dans une note interne datée du 23 mars.

GRAND SUD-EST

  • AIX-MARSEILLE. 200 à 300 personnels des universités et étudiants se sont rassemblés aujourd’hui, mardi 24 mars, devant le rectorat à Aix-en-Provence, rapportent l’Unef et le Snesup Aix-Marseille. Une délégation a été reçue par le cabinet du recteur. Une AG a par ailleurs réuni 400 à 500 personnes à la faculté Saint-Charles (université de Provence, Aix-Marseille-I), aujourd’hui, selon l’Unef. La grève et l’occupation ont été de nouveau votées. Une autre AG s’est tenue à l’IUT Gaston-Berger à Aix, avec 150 étudiants qui ont voté la grève, selon l’Unef. Des cours hors les murs ont eu lieu aujourd’hui sur La Canebière à Marseille, à l’initiative d’enseignants de l’université de Provence, de l’IUFM d’Aix-Marseille et des campus de Saint-Jérôme (Aix-Marseille-I et III) et de Luminy (Aix-Marseille-II). Ils seront renouvelés demain et jeudi. Hier, lundi 23 mars, une AG a réuni 500 personnes à la faculté de lettres d’Aix (université de Provence), selon l’Unef. Elle a voté « le blocage et l’occupation de la faculté avec installation d’un piquet de grève » jusqu’à demain mercredi 25 mars, indique Julie Toubiana, la présidente de l’Unef Aix-Marseille. Hier encore, une centaine d’enseignants de licence de la faculté des sciences de Saint-Charles, réunis à l’initiative des directeurs d’UFR et des responsables de formation, ont à nouveau voté leur opposition aux réformes en cours, et débattu de la suite du mouvement, indique le Snesup. « Les enseignants-chercheurs commencent à prendre conscience qu’on ne peut pas se dire contre les réformes et en même temps rester dans son laboratoire et fustiger les choses désagréables comme les blocages décidés par les étudiants », analyse Bruno Truchet du Snesup Marseille. « Car il faut bien le dire, ce sont les étudiants qui mènent le mouvement. Mais beaucoup d’enseignants commencent à prendre conscience qu’ils doivent eux aussi entrer dans une grève active, alors que les dernières annonces du gouvernement ne constituent pas un recul, mais un bazar monstre. Le gouvernement va provoquer une radicalisation du mouvement. » Une manifestation partira du Vieux-Port à 15h, jeudi, en direction de la faculté Saint-Charles où se tiendra une AG à laquelle les représentants du premier et du second degrés sont appelés à participer. « On continue d’essayer d’ « amorcer la pompe » dans cette direction », indique Bruno Truchet, du Snesup Marseille.
  • AVIGNON. Les cours sont toujours suspendus à l’université d’Avignon et des pays de Vaucluse, où une AG est prévue demain mercredi. « Les tensions commencent à se sentir entre partisans d’une reprise des cours, ceux qui veulent une reprise partielle, et ceux qui sont pour continuer la suspension », indique Pierre Jourlin de Sud-Éducation. C’était l’un des sujets de discussions d’une AG des personnels qui a réuni environ 80 personnes hier lundi. Demain, l’AG qui rassemblera enseignants et étudiants se
    prononcera sur la mise en place d’actions « RPG », actions coups de poing devant le rectorat, les péages et les gares.
  • TOULON. Une centaine d’étudiants ont organisé un sit-in aujourd’hui devant la mairie de Toulon et obtenu un rendez-vous avec le maire Hubert Falco, par ailleurs secrétaire d’État à l’Aménagement du territoire, qui aura lieu vendredi 27 mars. Le sit-in avait été décidé à midi en AG, à l’université du Sud Toulon-Var, à laquelle ont assisté 400 à 500 personnes selon l’Unef Toulon. Une manifestation aura lieu demain sur le campus de La Garde, et sera suivie d’une AG du monde de l’éducation pour « organiser une coordination éducation du Var », indique Jean-Marie Ascensio, président de l’Unef Toulon. Hier, lundi 23 mars, les trois conseils de l’université réunis en congrès ont adopté une motion intitulée « contre les méfaits de la loi LRU », à l’unanimité des voix exprimés. Ils « jugent inacceptables les réformes prises sans concertation et qui sont attentatoires aux droits légitimes des étudiants, des enseignants et des personnels administratifs et techniques ». Ils « désapprouvent la politique universitaire générale résultant de la loi LRU » et « protestent contre les réformes prises en application de la loi LRU qui défavorisent des universités comme la nôtre ».
  • NICE. L’université de Nice Sophia-Antipolis continue à se mobiliser aujourd’hui, mardi 24 mars, avec des cours hors les murs organisés tout au long de la journée. Hier, les trois conseils de l’université réunis en congrès ont adopté cinq motions relatives au statut et à la formation des enseignants, à la recherche, aux moyens et aux droits d’inscription. Ils demandent à la majorité de « retirer le projet de décret modifiant le statut des enseignants-chercheurs et d’entamer de véritables négociations avec la communauté universitaire concernant la modernisation de leurs statuts ». Les membres des trois conseils se sont prononcés à l’unanimité pour « le maintien des conditions actuelles d’inscription aux concours, de leur préparation et la formation professionnelle » et « l’ouverture de véritables négociations sur la masterisation de la formation des enseignants ».
    Dans la motion relative à la recherche, l’assemblée des trois conseils demande à l’unanimité « l’abandon de la politique de « désassociations » des UMR qui permettent une coopération universités et organismes » et de « la politique des chaires universités-organismes qui se fait au détriment du potentiel d’enseignement et de recherche ».
  • LYON. Il n’y a pas eu de manifestation aujourd’hui, 24 mars, « mais une action autour du rectorat », indique Yannis, étudiant à Lyon. Un rassemblement à l’initiative des lycées professionnels avait, en effet, été programmé. « L’assemblée générale de ce matin sur le campus des Quais de l’université Lumière Lyon-II avait voté le ralliement à ce mouvement », ajoute l’étudiant. Selon la police, environ 500 personnes se sont retrouvées devant le rectorat. « Il y avait en tout cas suffisamment de monde pour réaliser une chaîne humaine autour du rectorat », affirme de son côté Yannis. Les forces de l’ordre indiquent que, parallèlement, une petite cinquantaine de jeunes auraient aussi réalisé une barricade avec divers objets sur la rue de l’université, bloquant la circulation. L’assemblée générale du matin sur les Quais aurait rassemblée 800 personnes et aurait voté la poursuite du blocage du campus des Quais et la participation à la manifestation qui partira de place des Terreaux à 14h jeudi 26 mars. L’AG du campus de Bron qui devait avoir lieu cet après- midi a été décalée à demain, mercredi, 14h.
  • GRENOBLE. Une manifestation partie du campus en direction du rectorat, aujourd’hui 24 mars, aurait rassemblé 500 à 600 personnes selon les organisations étudiantes. « Le pique-nique devant le rectorat a été annulé en raison du temps », précise Marie-Charlotte Pierre, présidente de l’Unef Grenoble. Une AG le matin aurait réuni 400 personnes. La galerie des amphis de l’université Pierre-Mendès-France Grenoble-II devrait rester bloquée jusqu’à la prochaine AG mardi 31 mars. « L’IEP était aussi bloqué aujourd’hui et à l’université Joseph-Fourier Grenoble-I, la journée était banalisée. L’université Stendhal Grenoble-III n’est pas bloquée, mais reste mobilisée », affirme la présidente de l’Unef Grenoble. L’AG aurait selon elle, décidé de radicaliser le mouvement. Le « printemps des chaises » se poursuit et différents actions devraient prendre place cette semaine. « Pour jeudi, nous avons validé des « actions coups-de-poing », mais nous ne pouvons pas en parler aujourd’hui », annonce Marie-Charlotte Pierre.
  • CLERMONT-FERRAND. « Une « action coup-de-poing » a été menée ce matin : à 8h, nous avons envahi le rectorat à une centaine d’étudiants et d’enseignants-chercheurs », explique à l’AEF Gwénolé Jouannic, représentant
    de l’Agec. En parallèle, la manifestation qui devait partir à 10h s’est finalement transformée en rassemblement devant le rectorat. « Il y avait donc 100 personnes à l’intérieur et environ 300 dehors », ajoute l’étudiant. Une délégation de personnels et d’étudiants à été reçue. Dans l’après-midi, une assemblée générale de 200 personnes a eu lieu, au cours de laquelle différentes actions ont été discutées. Demain, une autre AG aura lieu sur le campus des Cézeaux. Jeudi 26 mars, une manifestation devrait partir à 14h. Le 31 mars prochain, « plusieurs actions sont envisageables à la permanence du Medef », annonce l’étudiant. Par ailleurs, des « actions coups-de- poing » sont déjà envisagées le 1er avril prochain.

GRAND-EST

  • DIJON. Une AG en milieu de journée a rassemblé quelque 300 à 400 participants sur le campus dijonnais de l’UB (université de Bourgogne), selon l’Unef et le Snesup-FSU. « On continue à chiffres constants », rapporte Delphine Helle (Unef). La grève a été reconduite jusqu’à lundi 30 mars, date à laquelle est prévu un conseil d’administration de l’UB. Une manifestation festive et nocturne est prévue pour clôturer la journée. Les manifestants ont prévu de se retrouver au centre-ville après une rencontre avec des salariés du secteur privé autour des thèmes de la privatisation, de la précarisation et de l’atteinte aux libertés individuelles, indique Marc Neveu (Snesup-FSU).
  • BESANÇON. Le conseil d’administration de l’UFC (université de Franche- Comté) n’a pu siéger comme prévu, rapporte Arnaud Bernadet au nom de l’AG de l’UFR SLHS (Sciences du langage, de l’homme et de la société), empêché par des manifestants de plusieurs composantes de l’UFC rejoints par des enseignants du second degré. « ll n’y avait pas d’enjeu particulier à l’ordre du
    jour, à l’inverse du CA précédent avec la remontée des maquettes, plutôt des questions techniques », indique encore Arnaud Bernadet. Les trois UFR de l’UFC ont reconduit la grève, et une AG commune est prévue vendredi 26 mars.
  • REIMS. Selon les forces de police, « une cinquantaine de personnes (enseignants-chercheurs, personnels et étudiants) se sont rassemblées ce matin, à Reims, avant d’investir le hall du rectorat, en début d’après-midi, sans incident ». Hier lundi, l’AG collective réunie sur le campus Croix-Rouge (lettres, sciences humaines) aurait mobilisé jusqu’à 1 500 personnes, d’après l’Unef. « Après les débats, les étudiants ont voté à une large majorité la reconduite du blocage amorcé il y a quinze jours, à 653 voix pour et 455 contre », indique Ambre Perriguey (Unef). Cette AG appelle « à la poursuite et à l’amplification de la grève ». Lundi, l’AG des personnels du campus Croix-Rouge avait appelé à une journée « campus mort » pour cette journée d’action nationale du 24 mars, « entraînant la cessation totale des activités administrative, pédagogique et scientifique », indique le Snesup-FSU. De plus, elle a appelé à « tout mettre en ouvre pour la réussite de la remise publique des démissions [de charges administratives] à la présidence », demain mercredi 25 mars. Elle a aussi exigé que la présidence envisage « une mise à plat sereine des conditions d’évaluation du semestre, dans le respect des propositions des unités de formation et des départements ». Il y a une semaine, les « perturbations des enseignements sur le Campus Croix-Rouge » ont conduit le président Vistelle à les suspendre entièrement du mardi 17 au lundi 23 mars, « sauf pour les étudiants en deuxième année de master, en formation continue et en préparation aux concours ». Cette suspension vient d’être reconduite jusqu’à demain soir. Sur le site scientifique Moulin de la Housse, « les AG étudiantes vont jusqu’à rassembler 300 personnes », se satisfait Antonin (Unef), indiquant qu’un amphithéâtre y est aussi auto-géré par des étudiants (comme sur le site Croix-Rouge). Les AG des personnels rassemblent quant à elles environ 50 enseignants-chercheurs, selon Thierry Raoux (Snesup-FSU).
  • NANCY-METZ. Si aucune manifestation n’était annoncée ce mardi à Metz, un rassemblement est programmé vers 20h, place Stanislas à Nancy. Sur le site scientifique de l’université Nancy-I Henri-Poincaré, l’AG unitaire d’hier (environ 70 personnes, dont une quarantaine d’étudiants selon l’Unef) a été suivie par un « printemps des tables et des chaises » ce mardi, en premier et en second cycles. « Nous n’avons pas interdit l’accès aux salles, ni à l’Atrium où l’ensemble du mobilier était empilé. Les élèves motivés pouvaient aller les récupérer », indique Anaïs (Unef) à l’AEF. L’université Nancy-II (lettres, sciences humaines) était bloquée aujourd’hui, conformément au vote d’une précédente assemblée générale. « Ce mardi, nous étions 400 participants en AG, dont une vingtaine d’enseignants-chercheurs », rapporte Michaël Protain (Unef). « Nous poursuivons nos combats universitaires contre les projets de décrets, mais nous avons aussi introduit des perspectives sociales à la plate-forme de revendications, car nous souhaitons une convergence des luttes, aux côtés des travailleurs et des chômeurs. » Les intersyndicales de personnels mobilisés dans les universités lorraines (Nancy-I, Nancy-II, INPL, université Paul Verlaine-Metz) – composées à chaque fois de la CFDT, de l’Unsa, de l’Unef et de la FSU – ont remis « en concertation » à leur présidence respective un message exprimant leur « plus vive inquiétude au sujet de la masterisation » . Ce courrier « appelle les présidents des quatre universités lorraines à exiger le retrait immédiat du projet de réforme de la formation des enseignants », et « fait de l’annonce officielle du report d’un an (L’AEF n°110322 <http://www.aef.info/public/fr/abonne/depeche/depeche_detail.php?id=110322>) un préalable à la tenue de la [première] réunion des quatre CA des universités lorraines du 31 mars prochain ».
  • STRASBOURG. Hier lundi 23 mars, une AG de 2 000 personnes (en majorité des étudiants) s’est déroulée sur la « place rouge » de l’université de Strasbourg (parvis de la faculté de droit). Un millier a pris part aux votes sur la poursuite du mouvement : « environ 600 personnes ont décidé de reconduire l’occupation et le blocage du Patio (effectifs depuis le 18 février), et autant ont opté pour le blocage de la faculté de droit jusqu’au 6 avril », indique Julie Joho (Unef). Cette nouvelle action a débuté hier en fin d’après-midi « sans empêcher la tenue des examens en cours », pour se muer en occupation nocturne. « Ce matin, plus d’une centaine d’anti-bloqueurs – dont des membres de l’UNI – ont essayé de rentrer, certains ayant même cassé une porte pour pénétrer dans un amphi », indique Julie Joho. « Certains exigeaient d’avoir cours, puisqu’ils sont tenus d’aller en TD pour avoir leur semestre », précise une représentante du Snesup-FSU. Ce mardi après-midi, « le départ de la manifestation s’est donc déroulé sous tension, mais la sortie d’une centaine de bloqueurs du bâtiment de droit a pu se faire sans affrontement grâce à une haie formée par les personnels », poursuit Anne-Véronique Auzet (Snesup-FSU). De 1 000 à 2 000 personnes selon les manifestants, 600 personnes selon les forces de l’ordre, ont battu le pavé strasbourgeois jusqu’à la place Kléber. Des représentants de l’enseignement primaire (Snuipp, Sud, etc.) se sont joints au cortège. « Il y a eu des tensions dures ce matin à la faculté de droit, mais sinon, le mouvement ne s’est pas amplifié », indique Claudine Wernert  au cabinet du président de l’UdS Alain Beretz. « Au contraire,on retourne progressivement à un mode de fonctionnement normal, malgré quelques
    éléments contrastés. »

NORD

  • AMIENS. Une assemblée générale réunissant, selon le Snesup, « plus de 800 participants » sur le campus de l’université de Picardie a décidé lundi 23 mars de reconduire le blocage des UFR de lettres, de langues, d’histoire, de sciences humaines et sociales. Environ 500 étudiants, enseignants et personnels Biatoss se seraient prononcés en faveur du blocage, selon des sources étudiantes et syndicales. Le blocage a également été reconduit sur le site de la faculté des arts, rapporte le « comité de mobilisation de l’UPJV » sur son site <http://upjvmobilisation.blogspot.com/ Par ailleurs, un communiqué rédigé par des « lycéens, étudiants,> internet. De plus, pour la première fois depuis le début du mouvement de contestation  l’UFR des sciences, située en centre-ville, est également bloquée, après un vote en AG réunissant 90 personnes (46 « pour » le blocage, 19 « contre », le reste s’abstenant ou ne prenant pas part au vote) : seuls les cours de préparation au Capes et à l’agrégation sont maintenus, rapporte une étudiante présente sur le site. Cependant, ces informations ne sont pas confirmées par les services centraux, qui indiquent à l’AEF ne pas vouloir communiquer sur le sujet. enseignants-chercheurs et parents d’élèves mobilisés » proteste contre « l’intervention violente (matraquage, coups, charges.) des forces de l’ordre » subie par une soixantaine de manifestants, lundi 23 mars devant le rectorat d’Amiens, à l’occasion de la venue de Xavier Darcos. Les rédacteurs, qui affirment avoir manifesté « de manière pacifique », dénoncent une « nouvelle provocation d’une violence disproportionnée » et exigent des « excuses publiques » de la part du préfet. Jeudi 26 mars, étudiants et enseignants ont prévu de se retrouver place Gambetta à Amiens pour « la ronde des obstinés » : une manifestation symbolique pour prouver leur détermination à continuer le mouvement. Toujours à Lille-II, le blocage de l’IEP a été levé au soir du lundi 23
  • LILLE. À Lille-I, « la totalité des bâtiments d’enseignement est bloquée par des étudiants » mardi 24 mars, rapporte Claire Bornais, porte-parole du Snesup local. Les services centraux font état de « perturbations » et confirment le « blocage d’une partie des bâtiments ». Il est difficile d’avoir une image exacte de la situation, le campus de la cité scientifique étant très étendu. Les étudiants, qui affirment avoir été près d’un millier en AG vendredi 20 mars, ont prévu une nouvelle journée de blocage jeudi 26 mars. À l’IUT A en revanche, le blocage devrait avoir lieu durant toute la semaine. À Lille-II, un vote à bulletins secrets organisé lundi 23 mars à la faculté de droit par les étudiants et l’administration a décidé l’annulation des cours magistraux et des TD jusqu’au prochain vote lundi 30 mars, par 1 087 voix « pour » et 617 « contre ». Le taux de participation (30 % des effectifs) est plus important que lors du vote organisé le 16 mars, qui avait abouti à la même conclusion. L’administration précise que « les cours et les TD ne seront pas rattrapés » mais que « le programme de révision et le calendrier universitaire restent inchangés ». Les étudiants et enseignants-chercheurs mobilisés ont élaboré une liste de « revendications locales » à destination du président, dans laquelle ils lui demandent notamment le dédoublement des amphis au-delà de 400 inscrits, celui des TD au-delà de 25 inscrits et un engagement formel sur la « non- augmentation des frais d’inscription » pendant cinq ans. mars, par un vote en AG (180 pour le blocage, 220 contre), indique l’administration. Les cours reprennent donc mercredi 25 mars, la journée du 24 ayant été consacrée à un atelier sur « la suite de la mobilisation ». Les entrées de Lille-III Charles-de-Gaulle ont été occupées ce matin par « une petite centaine d’étudiants », rapporte Michel Maillard, représentant local du Snesup. « Une assemblée générale commune entre étudiants et personnels, mais qui rassemblaient très majoritairement des étudiants, a décidé hier de bloquer l’université par 750 voix pour et 450 contre », précise-t-il. Les services centraux confirment que les bâtiments sont bloqués. Enfin, une manifestation a eu lieu cet après-midi dans les rues de Lille. Slogan : « Même les sourds vont nous entendre ». 580 personnes selon la police, 800 selon le Snesup, ont défilé en faisant un maximum de bruit « pour se faire entendre du gouvernement ».
  • LITTORAL. À l’université du Littoral, l’administration fait état de « perturbations ». Des « cours hors les murs » ont été assurés mardi 24 mars par des enseignants de sociologie, géographie et sciences de gestion de l’antenne de Dunkerque : une AG doit se tenir demain, avec comme ordre du jour un vote sur le blocage du site jeudi 26 mars. Par ailleurs, la semaine dernière, le président Edward Anthony a envoyé un courrier aux personnels dans le but de recenser les grévistes pour la journée du 19 mars. « Ce pointage a fait débat car il rime surtout avec un flicage des Biatoss », rapporte Philippe Hus, membre de la section locale du Snesup. « En effet, ceux-ci sont déclarés grévistes par leurs chefs de services, tandis que les enseignants-chercheurs doivent se signaler individuellement. Dès lors, certains enseignants ont fait le choix de ne pas se déclarer et de verser un trentième de leur salaire aux personnes pointées », précise-t-il. Le décompte définitif du nombre de grévistes n’est pas encore connu.
  • ARTOIS. À l’université d’Artois, les étudiants poursuivent leur « occupation » du site d’Arras, effective depuis la mi-février : le blocage a été reconduit par l’AG du 18 mars, par 420 voix « pour », 94 « contre » et 19 abstentions, jusqu’à la prochaine AG, mercredi 25 mars.