La CNU menace le gouvernement

Paru ce soir dans Le Monde
« Valérie Pécresse et Xavier Darcos, qui se sont déjà disqualifiés comme interlocuteurs par le mépris qu’ils ont manifesté à notre communauté, doivent partir », estime la Coordination nationale des universités (CNU) dans un communiqué adopté lundi 23 mars, en fin de soirée. « Mais au-delà de ces deux ministres, le gouvernement doit savoir que s’il n’entend pas notre colère, c’est sa légitimité même qui sera très bientôt mise en question », ajoute la CNU.

La Coordination demande au « gouvernement [de] s’engager sur l’abrogation de la loi LRU et du pacte pour la recherche, avant que l’état de désordre actuellement installé dans l’université ne soit irréversible, avant, tout simplement, qu’il ne soit trop tard ». Pour sortir de la crise, la CNU rappelle les « conditions incontournables » exigées : le retrait du décret statutaire, le retrait du décret sur la mastérisation, le retrait du contrat doctoral unique, l’arrêt du démantèlement des organismes de recherche ainsi que des engagements clairs en matière d’emploi statutaire.

La CNU affirme qu’elle refuse les finalités des réformes et de l’orientation générale de la politique éducative, universitaire et de recherche suivie depuis 2006/2007, qui entraînent, selon elle, « la dégradation programmée des contenus disciplinaires, de la culture générale et des humanités », « la destruction de la fonction publique d’Etat dans l’enseignement » et la libéralisation du marché de l’enseignement supérieur et de la recherche. « La communauté universitaire mesure parfaitement l’importance de ces enjeux et prendra toutes ses responsabilités pour défendre jusqu’au bout la tradition de liberté dont elle est l’héritière », affirme la CNU. »

Amiens bloquée

Aujourd’hui, plusieurs sites sont bloques: l’UFR Sciences, l’UFR Arts, et le « Campus » (UFR Lettres, UFR langues, UFR histoire, UFR Sciences humaines et sociales).
Seul le site ‘cathedrale » (UFR droit-sciences politiques et UFR eco-gestion) n’est pas a l’heure actuelle bloque par les etudiants, car la greve enseignants chercheurs y a ete particulierement suivi jusqu’a la semaine derniere (et encore maintenant!)
L’actualite de nos mobilisations, avec notre agenda (entre autres manif paris mardi 24 mars, ronde des obstines et happenings en centre ville jeudi 26 mars, …) est toujours visible sur http://upjvmobilisation.blogspot.com
avec un programme d’universite populaire qui continue pour la 5eme ou 6eme semaine deja!

Le Havre reconduit la grève et le printemps des chaises.

Compte rendu du jour:
_ Assemblée Générale de l’établissement: les votes:
_ reconduction de la grève: 464 pour, 61 contre et 70 abstentions
_ opération printemps des chaises: 299 pour, 183 contre et 137 abstentions

Programme:
_ Mardi 24 mars: Journée de mobilisation nationale avec « Nuit de l’université »
07h00, Printemps des chaises
10h00, Action coup de poing, rendez-vous sur l’esplanade de l’université
17h00, Rassemblement sur l’esplanade de l’université
18h00, Conférence d’Albert Jacquart
20h00, Barbecue (Ramenez vos grillades et vos boissons!!!)

_ Mercredi 25 mars:
10h00, Action coup de poing, rendez-vous sur l’esplanade de l’université

_ Jeudi 26 mars:
10h00, Action coup de poing, rendez-vous sur l’esplanade de l’université
14h00, Assemblée Générale de l’établissement, amphi Manneville, UFR des Sciences et Techniques

_ Mardi 31 mars:
Manifestation de droite

Reims : blocage reconduit et remise publique de démissions le 25 Mars

1) MOTION AG PERSONNELS URCA (Université de Reims-Champagne-Ardenne)
L’AG des personnels du Campus Croix Rouge [LSHS] réunie le lundi 23 Mars réaffirme sa détermination à obtenir satisfaction au sujet des revendications portées par le mouvement universitaire concernant les réformes en cours.
Elle appelle à une mobilisation massive pour la journée d’action nationale, le mardi 24 mars, journée de convocation du CTPU qui examine la pseudo-réécriture du décret sur les enseignants-chercheurs et le décret CNU. Elle appelle ce même jour, 24 mars, à une journée « campus mort » entraînant la cessation totale de toute activité administrative, pédagogique et scientifique. Elle invite, ce même jour, les personnels et les étudiants à participer au rassemblement (ronde des obstinés) à 10 h fontaine Subé, place Drouet D’Erlon.
Elle appelle à tout mettre en œuvre pour la réussite de la remise publique des démissions à la Présidence prévue le mercredi 25 mars à 12h et à une AG des personnels à 14h au Campus Croix Rouge pour décider des modalités de poursuite du mouvement.
Elle exige enfin que la Présidence envisage, dans le cadre du CEVU, une mise à plat sereine des conditions d’évaluation du semestre, dans le respect des propositions qui remonteront des unités de formation et des départements dans les jours ou les semaines à venir.
Unanimité moins 2 contre et 4 abstentions
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2) L’assemblée générale du Campus Croix Rouge du 23 mars 2009, a procédé à un vote avec liste d’émargement (1108 votants, 653 pour le blocage, 455 contre le blocage). Le blocage est reconduit jusqu’à la prochaine assemblée générale qui se tiendra le 25 mars à 12 heures. L’accord concernant les M2, la formation continue, les préparations aux concours et l’administration n’a pas été remis en question.
[Le vote a été exemplaire, sans tension, il a quand même duré près de deux heures (les personnels n’ont pas participé à ce vote)]

MOTION de l’AG collective :
L’AG appelle à la poursuite et à l’amplification de la grève. Elle demande à l’ensemble des organisations syndicales de l’enseignement supérieur de s’adresser à toutes les confédérations pour construire la grève générale jusqu’à satisfaction des revendications car les attaques sur l’université s’inscrivent dans une offensive globale du gouvernement. Les travailleurs antillais nous ont montré la voie après une lutte longue, difficile mais victorieuse. Elle demande à l’ensemble des organisations syndicales de préparer au plus vite une manifestation centrale massive à Paris.
———————–
Ce matin, lors de la séance d’ouverture des 4èmes assises Recherche et entreprises organisées par la région Champagne-Ardenne au Palais des Congrès de Reims, une dizaine d’enseignants-chercheurs a distribué des tracts sur la mobilisation universitaire.
Après avoir évoqué cette mobilisation universitaire,J. Meyer, VP recherche du Conseil Régional, qui présidait la séance d’ouverture, a proposé à deux enseignants-chercheurs (1 du campus sciences et 1 du campus Croix Rouge) d’intervenir sur ce sujet.
——————— RAPPEL CALENDRIER :
MARDI 24 MARS : journée d’action nationale
– rassemblement devant le CTPU
– journée « campus mort » et rassemblement (ronde des obstinés) à 10 h fontaine Subé, place Drouet D’Erlon.
MERCREDI 25 MARS
– 12 H : remise publique des démissions à la Présidence
– AG des personnels à 14h au Campus Croix Rouge
– 12 H : AG étudiante

Mody, travailleur sans-papiers de l’université Paris XI

Mody, travailleur sans-papiers de l’université Paris XI, est menacé d’expulsion.
Il est depuis 15 jours au centre de rétention de Vincennes et ce pour les 2 semaines à venir.
vous pouvez le soutenir et aider à sa régularisation, en signant la pétition en ligne :
http://www.csp-lesulis.org/petition_mody/?petition=2

Pour le moment, le consulat du mali refuse de lui délivrer de laisser passer consulaire. donc on espère le revoir bientôt revenir parmi nous.

Le Président de l’Université de Perpignan vient de décider de la supension de tous les cours jusqu’au 28 mars inclus.

perpignan

Communiqué du matin de la 7ème CNU (Strasbourg, 23 Mars)

Voici le texte du premier communiqué de la coordination nationale réunie en ce moment même à Strasbourg.

« Alors que depuis 2 mois, l’université et la recherche sont en grève, le gouvernement n’a réagi que par le mépris, les manoeuvres et la répression. Il n’a donné satisfaction à aucune de nos revendications, faisant de l’enseignement supérieur et de la recherche un des laboratoires de sa politique destructrice de l’éducation nationale et de la fonction publique.
La CNU prend à témoin l’opinion publique de l’attitude du gouvernement et de son refus d’offrir les conditions nécessaires à l’ouverture de réelles discussions. Valérie Pécresse a une nouvelle fois montré son mépris ce matin sur France 2 en sommant les universitaires d’organiser le rattrapage des cours. Cette surdité fait ainsi porter l’entière responsabilité de la radicalisation du mouvement sur le gouvernement. Nous ne demandons pas à Valérie Pécresse et à Xavier Darcos de reculer mais d’avancer en retirant leurs projets. Tous dans la rue les 24 et 26 mars ! »

Chronique de la violence policière ordinaire : Darcos, Amiens, les CRS

(Message d’une collègue d’Amiens)
Chronique de la violence policière ordinaire.
Ce fut le cas, ce lundi 23 mars 2009, à Amiens, lors de la visite du ministre de l’Education nationale, Xavier Darcos, venu inauguré une plateforme téléphonique expérimentale d’orientation à l’ONISEP-Amiens.
A l’appel de la coordination locale des enseignants-chercheurs de l’Université de Picardie Jules-Verne Amiens, nous étions sur place avec nos étudiants, des profs du secondaire et des lycéens, devant l’ONISEP, pour accueillir notre ministre.
Les CRS étaient, en tout état de cause, là pour faire le ménage avant l’arrivée de Darcos. L’un d’eux nous a dit texto : « on se fout pas mal que vous ayez convoqué la presse, nous seront violents ». A croire qu’ils avaient des ordres en ce sens non ? comment s’appelle le préfet de Région Picardie au fait… ? (syndrome Saint-Lô sans doute). La presse a, pour sa part, été très vite enfermée derrière les grilles de l’ONISEP par les CRS, des fois qu’ils prennent des photos et parlent avec nous.
Le regoupement de quelque 100 personnes était pourtant, à 9 heures, très bon enfant. Tous étaient venus très joyeusement, comme nous le faisons depuis deux mois, avec une paire de vieilles chaussures, pour le lancer symbolique. Nous étions même disposés à former une délégation EC, profs du secondaire, étudiants, lycéens pour rencontrer le ministre en touriste picard.
Les CRS ont prié les EC de faire libérer la route afin de laisser passer, je cite, les personnes se rendant à leur travail.
Nous avons optempéré, dans le calme et la  bonne volonté des étudiants et des lycéens pour faciliter le passage, contre la garantie, apportée par la commissaire sur les lieux, de pouvoir rester sur le trottoir opposé afin de pouvoir accueillir notre cher ministre.
Nous nous sommes tous assis et c’est là que, sans sommation, aucune, les CRS ont chargé tout de go très vite et très fort, à coups de matraques, d’empoignement puis de « jets » d’EC, d’enseignants, d’étudiants et de lycéens Nous avons été éjectés par trois fois, mis à terre et matraqués pendant une heure par de gros balaises (deux fois supérieurs en taille, poids et force) prêts et contents de pouvoir enfin « bouffer » de l’EC, de l’enseignant, de l’étudiant, du lycéen et du parent d’élève.
Ils ont tapé, et fort, je vous assure, sur des gamins et gamines, sur nous tous, comme ça sans raisons, sauf celles exprimées sous la forme lapidaire « DEGAGEZ ! ».
Plusieurs manifestants ont été blessés. Aussi les Ec présents ont demandé de l’aide auprès des médecins du SUMPS (ex médecine préventive de l’Université de Picardie Jules-Verne d’Amiens). Après nous avoir dit qu’il arrivait de suite, l’un des médecin de garde du SUMPS nous a rappelé pour expliquer que la présidence de l’université ne l’autorisait pas à se déplacer.
Nous avons alors téléphoné aux pompiers.
Voilà, il me semble important de conter cet épisode, sans doute banal dans ce qu’est devenue la France aujourd’hui, mais que je me refuse à banaliser.
Ce n’est pas cette France là que j’aime. »

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Voir la brève de ce jour dans le courier Picard en attendant l’article de demain.

Voir également le reportage photo d’un collègue sur place.

ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE LA SORBONNE le 26 Mars

ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE LA SORBONNE
(Paris 1, Paris 3, Paris 4, EPHE)

L’Assemblée Générale des personnels de la Sorbonne réunissant Paris 1, Paris 3, Paris 4, et L’École pratique des hautes études (EPHE) se tiendra le jeudi 26 mars de 12h à 14h dans l’Amphithéâtre Richelieu de la Sorbonne.

L’ordre du jour sera :
1- la poursuite de la grève et de la rétention des notes
2- un avertissement solennel au gouvernement
3- Libérons la Sorbonne ! (revotons tous ensemble)
4- les actions unitaires à envisager

Vous êtes cordialement invités à cette Assemblée !

Gisons grave !

GISONS GRAVE !

Mardi 24 mars 2009, à la fin de la manifestation parisienne, les enseignants-chercheurs, chercheurs, Biatoss, et étudiants sont invités à gésir grave sur la Place du Panthéon. Tous assis ou couchés pour former la fine fleur de l’Université française !

La direction de l’IUFM des Pays de la Loire communique.

La direction de l’IUFM des Pays de la Loire communique.

Au niveau national

Le 20 mars, le ministre de l’éducation nationale, Xavier Darcos, a adressé aux organisations syndicales le courrier ci-joint en fichier attaché. Cette lettre, dont la presse a rendu écho, mérite plusieurs commentaires !

Il est, prioritairement, à noter que le sigle IUFM est absent du document. Les propos, contrairement à ce que les journaux ont pu commenter, ne correspondent absolument pas à un retrait de la réforme. Il s’agit simplement du maintien d’un concours 2010, identique à celui de 2009 (avec préparation dans n’importe quel parcours de master déjà existant).

Il faut remarquer que le maintien des concours pour 2010, dans l’état actuel, sans le maintien clair des préparations telles que nous les connaissons, risque de conduire à une grande confusion, autant chez les étudiants que chez les formateurs.

Pour la direction de l’IUFM, le maintien des concours 2010 doit obligatoirement s’accompagner du maintien des préparations et des inscriptions dans les formes actuelles. C’est aussi la position prise ce jour par la CD IUFM, donc par l’ensemble des directeurs d’IUFM (http://www.iufm.fr/applis/actualites/article.php3?id_article=574).

Au niveau de l’IUFM des Pays de la Loire

Après la décision de préinscrire à l’IUFM les candidats au métier de professeur des écoles (ouverture prolongée du serveur jusqu’au 26 mars 2009), la direction a décidé de procéder à une pré-inscription pour tous les autres concours du second degré. Cette opération en ligne permettra de recueillir les candidatures potentielles à une formation au métier d’enseignant et de CPE. Le serveur sera ouvert du 26 mars au 17 mai 2009 sur le site de l’IUFM. Les coordonnées des étudiants recueillies permettront de les tenir informés des évolutions de la réforme.

Calendrier des réunions en mars et avril* :

  • – mardi 24 mars : rencontre direction de l’IUFM – présidence de l’université de Nantes
  • – mardi 24 mars : rencontre de la direction avec les chefs administratifs de siège académique
  • – mercredi 25 mars : journée de réflexion des formateurs
  • – jeudi 2 avril : le conseil de direction est reporté au jeudi 23 avril, Michel Heichette devant se rendre, le 2 avril, à une réunion extraordinaire de la CDIUFM, à Paris.
  • – mardi 21 avril : réunion de la commission Recherche du CFR
  • – mercredi 22 avril : journée académique des PEIMF
  • -vendredi 24 avril : réunion académique des coordonnateurs d’unités disciplinaires.
  • – lundi 27 avril : réunion de la commission Formation du CFR
  • (*) sous réserve d’évolutions en fonction de la conjoncture.

Une armée industrieuse de réserve. Par Jacques Broda, professeur de sociologie.

Pour lire cet article sur le site de l’Humanité.

Qu’est-ce que la condition sociale de l’étudiant aujourd’hui ?
Selon une enquête réalisée par le CROUS (Marseille), 25 % des étudiants n’ont pas 100 euros par mois pour manger, en France plus de 100 000 vivent en dessous du seuil de pauvreté, le Secours populaire collecte dans les restaurants universitaires, distribue des colis alimentaires… Depuis dix ans, nous assistons à une paupérisation, prolétarisation accrue des étudiants. Véritable « armée industrieuse de réserve », ils prennent la crise de plein fouet. Leur avenir incertain ne justifie en rien les sacrifices inouïs auxquels ils consentent ; leur proposer de s’endetter pour s’en sortir, selon le modèle subprime, est un scandale.
Main-d’oeuvre juvénile, souvent soumise, ils se plient aux conditions des stages non rémunérés, aux petits boulots payés au lance-pierres, travail au noir compris. Depuis novembre 2008, à Marseille, l’intérim est divisé par deux, les travailleurs précaires dont nombre d’étudiants n’ont plus de ressources pour vivre. Pour autant, la conscience de classe se développe-t-elle ? On le sait, la précarité est un obstacle à la lutte et à la conscience. Marginalisé, fragilisé, le travailleur pauvre ou l’étudiant pauvre y regardent à deux fois avant de s’engager. La conquête des droits se pose souvent comme opposée à la survie, quand demain est absolument incertain. Tout faux pas, tout risque, le ticket de bus, de métro, de resto U est compté, et parfois on hésite, on a peur, on se désolidarise ; d’autres fois on fait le pas, on s’engage, la peur de perdre le semestre, et donc la bourse.
Le travail, le travail salarié, la moitié d’entre eux connaissent depuis très jeunes. Certaines filles aident aux tâches ménagères depuis l’âge de six ans ; véritables mères de substitution, elles prennent à bras-le-corps la famille.
À huit ans, des fils accompagnent leurs mères faire les ménages, les pères sur les chantiers. Pour trois sous, ils sacrifient une adolescence volée…
Puis, vient le temps de l’exploitation légale des Quick, McDo, péages d’autoroute, l’intérim à décrasser la cale des navires… Paradoxalement, s’ils dénoncent les conditions de travail, les étudiants ne remettent pas en cause l’exploitation comme forme générale et générique, ils ont le sentiment qu’ils ne font que passer : ils subissent, ils enchaînent, ils n’ont pas le choix. Ils prennent rarement contact avec les syndicats, quand ils existent. Très peu d’entre eux sont syndicalisés dans les organisations étudiantes (UNEF, UEC, SUD).
Hiatus profond, l’individualisme et le fatalisme ont fait des ravages sur plusieurs générations, laissant aujourd’hui de nombreux jeunes en panne d’inventivité révolutionnaire. Il ne suffit pas de s’opposer (CPE, LRU) pour être une force transformatrice, créatrice de nouveaux rapports sociaux, d’une radicalité qui fait largement défaut, quant à remettre en cause la toute-puissance financière, celle qui précisément fait de vous une armée industrieuse de réserve. La situation est encore plus complexe au sein des rapports sociaux qui nouent l’université et dans lesquels les étudiants sont pris, dans l’espoir d’un diplôme ouvrant sur un emploi ! Ici encore, la responsabilité des pouvoirs est masquée, l’incapacité intériorisée, en termes d’orientation, d’incompétence, de trop peu d’expérience, comme si le but de l’accumulation capitaliste était la création d’emplois, stables, durables !
L’université vit cette contradiction d’une manière paradoxale, à vouloir lui faire intérioriser la norme capitaliste, y compris dans la pensée du travail universitaire, tous ne voient pas que les étudiants sont pris dans une double injonction à se soumettre tout en espérant. La nouvelle armée industrieuse de réserve, dont on utilise les muscles, les nerfs, les cerveaux, l’espoir, doit prendre conscience de son rôle et de sa puissance. La puissance à penser, inventer, se révolter, s’organiser, s’allier. Ici, la conscience de classe pourrait venir de l’intérieur : chaque étudiant s’autorise à renouer avec son origine, son origine de classe, sociale, populaire. Nous sommes tous des enfants d’immigrés, qui devraient lutter aux côtés des sans-papiers !
Le moment est venu des convergences autour d’un projet politique fort. La jeunesse, les étudiants jouent un rôle majeur, ils ne sont pas une force d’appoint, ils sont l’énergie du futur. Il ne suffit pas de défiler, crier sa révolte ; lui donner une forme, un contenu, un projet autour de la gratuité des études, de l’allocation d’autonomie, de la démocratie économique, est urgent. La convergence des intellectuels, des couches dites populaires, des armées industrielles et industrieuses de réserve, risque alors de frapper fort l’éclosion du printemps.

Jacques Broda est professeur de sociologie à l’Université de la Méditerranée.

Communiqué de l’association « Reconstruire l’école »

L’Association « Reconstruire l’Ecole » a pris connaissance des dernières propositions du Ministère de l’Education nationale à propos de la formation des maîtres. La lettre adressée par M. Xavier Darcos aux syndicats le 20 mars contient des avancées significatives. Elle laisse aussi en suspens de nombreux problèmes qu’il faudra traiter dès que possible avec tous les acteurs concernés par cette réforme.
1. Nous exprimons en particulier notre satisfaction devant le maintien des concours en l’état pour la session 2010, ce qui constituait une revendication unanime des universitaires. Nous pensons cependant que, dans le cadre des mesures transitoires, il faudrait étendre aux étudiants inscrits en M2 à la rentrée 2009 le bénéfice du concours pendant un an tel qu’il est prévu pour les étudiants actuellement en année de licence. Il semble en effet impossible que les candidats puissent obtenir à la fois le M2 et le concours à la session 2010, d’autant plus qu’un concours non modifié suppose un lourd investissement. Cette disposition pourrait d’ailleurs être maintenue à l’avenir, les candidats disposant donc de trois ans pour réussir l’ensemble « master+concours » – ce qui ne préjuge pas du fait qu’une minorité d’entre eux pourraient l’obtenir en deux ans.
2. Le concours 2010 doit se  préparer dans le cadre des masters existants, du moins en ce qui concerne les CAPES. Les universités ont besoin de temps pour concevoir de nouvelles maquettes de master et ces dernières ne pourront être finalisées que pour la session 2011. Nous continuons donc  d’appeler à la non-remontée des maquettes pour le 31 mars. Cette exigence est d’autant plus justifiée que ces maquettes élaborées à la va-vite l’avaient été dans un cadre qui ne correspond plus à celui qu’on nous propose maintenant.
3. Le Ministère de l’Education nationale s’obstine à maintenir les grandes lignes d’un projet rejeté par l’ensemble de la communauté universitaire et dont la mise en place se heurte à des obstacles matériels insurmontables. L’Association « Reconstruire l’Ecole » estime par exemple qu’il est impossible de fournir des stages en nombre suffisant pour l’ensemble des candidats. En offrant 50 000 stages pour près de 180 000 candidats, le MEN confirme d’ailleurs ce point de vue. Il en résulte que le projet de « mastérisation des concours » tel qu’il avait été prévu n’est pas viable et qu’il doit être retiré.
4. Le report de la réforme à la session 2011 doit permettre d’ouvrir une vraie négociation, prenant enfin en compte les revendications des universitaires, exprimées à d’innombrables reprises depuis des mois et, plus récemment, dans la lettre que 35 Sociétés savantes ont envoyée à M. Xavier Darcos. Telle qu’elle est actuellement prévue, la « Commission de concertation et de suivi » ne pourra pas aboutir à des conclusions acceptables par la communauté universitaire. Un organisme de ce type ne
doit pas être formé, encore une fois, par les mêmes « experts » ou institutions (CPU, CDIUFM, syndicats) dont les recommandations ont abouti à la crise actuelle. Les UFR concernées par la réforme et les différentes Associations de spécialistes du secondaire et du supérieur doivent avoir une part prépondérante dans l’élaboration d’un nouveau projet. Et même si elles ne sont pas représentées à la CPTU, des associations qui ont joué un grand rôle dans la mobilisation actuelle
sont aussi légitimes, sinon plus, que les « syndicats représentatifs » pour contribuer à cette réflexion. Pour sa part, l’Association « Reconstruire l’Ecole » fera prochainement des propositions précises en ce qui concerne la nature des futurs masters, leur articulation avec les concours, le contenu des épreuves et la place des stages dans le dispositif qui devrait entrer en vigueur à partir de la session 2011.
Fait à Paris, le 22 mars 2009

FORUM mercredi 25 mars 15h à l’Ensba

Chaque année depuis quelque temps, les étudiants descendent dans la rue, défilent en manifestation, font des AGs, déclarent la grève, contestent des réformes qui participent toutes des mêmes logiques ;  aujourd’hui plus que jamais nous devons donc nous interroger sur ce que nous espérons trouver dans un mouvement social.
Nous sommes nombreux à avoir vécu l’expérience des fins de mouvement, où la douleur de la « reprise » ne rendait que plus pressant l’impératif de continuer, et ce en dépit des amères victoires stratégiques, syndicales ou parlementaires. Mais grâce à cette expérience semble précisément s’ouvrir une perspective nouvelle, qui consiste à  commencer comme si l’on était déjà en train de le continuer (c’est-à-dire s’affranchir de ses objectifs limités, à court terme, pour rejoindre un peu plus vite son horizon réel) ; mais c’est aussi continuer un mouvement comme on l’avait commencé,  ce qui signifie se placer dans la posture, critique et réflexive, d’un engagement lucide tout en gardant cette forme qu’est le mouvement, où les singularités diverses parviennent à tenir ensemble, où du commun se dégage, où des liens se créent – c’est ne pas s’aliéner, en somme, dans le morcellement qu’implique tout ralliement exclusivement syndical ou partitaire.
C’est pourquoi la recherche, dans le cadre des mobilisations actuelles révèle sa double importance :
– Dans sa dimension universitaire, elle est menacée de toutes parts ; on la soumet à des critères de rentabilité, on veut la calquer sur l’enfer d’un « monde du travail » invivable, on en fait un outil de légitimation de l’ordre établi. Par conséquent un mouvement qui s’oppose à la LRU ou plus largement au processus de Bologne suppose dans son existence même un refus de telles logiques, qui ne se résument pas à quelques détails juridiques.
– Dans sa dimension politique, elle peut seule nous sortir des impasses où nous mènent les mouvements sociaux ; elle consiste à assumer le mouvement dynamique d’une praxis (où pratique et théorie sont inséparables), qui ne prétend jamais avoir trouvé aux problèmes de solutions définitive (se prémunissant ainsi contre les risques du dogmatisme) – recherches que tout mouvement appelle, motivées par l’idée que notre époque a besoin d’inventions politiques, au-delà de l’éternel et répétitif balancier des rapports de forces qui rejoue sans cesse le jeu des oppositions traditionnelles. Face à cela, il faut recourir à une radicalité, comprise dans un sens différent de ce qu’on entend généralement par là : la radicalité comme volonté de prendre les problèmes à leur racine, de comprendre comment fonctionnent les situations, de ne pas se contenter de soigner des symptômes – radicalité ouverte, qui n’a pas de chapelle à défendre, qui évite le piège du « tout ou rien », car le tout est à chaque moment de la lutte, dans chaque situation que l’on crée. Ainsi la recherche doit être pensée conjointement sous ces deux aspects, comme une véritable façon de vivre, qui déborde tous les cadres, y compris le cloisonnement qui existe actuellement entre des disciplines étanches et séparées, sphères closes à l’écart de tout présent, de toute actualité profonde. La recherche est une activité de tous les instants, elle se doit d’être présente au cœur de tout enseignement, ou même de toute formation.
Et c’est pourquoi également la recherche pratiquée à l’université est indissociable d’une ouverture sur le réel dans sa dimension émancipatrice. Au piège de la communication et de la stratégie, nous opposons la sincérité et le partage ; aux réquisits de la rentabilité, ceux de la générosité, de l’affirmation, de la créativité. Il importe donc de mettre en œuvre et d’expérimenter dès maintenant les pratiques qui en découlent.
En vue d’approfondir et de reparcourir ces quelques pistes, nous vous invitons à participer à la rencontre et au forum de discussion qui auront lieu dans le cadre de l’actuel mouvement dans l’éducation et la recherche :
mercredi 25 mars prochain à 15h00 – Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Paris, salle de conférence du palais des études, 14, rue Bonaparte 75006 Paris (M° Saint-Germain-des-Prés).

http://rennes-troie.open-web.fr/
http://sites.google.com/site/normalesupenlutte/
http://www.ufr-zero.org/
http://vagueeuropeenne.fr/
http://universiteparis8engreve.fr/
http://contre-conference.net/