16 000 postes supprimés en 2010 : des postes de stagiaires selon Darcos

Education: 16.000 postes supprimés en 2010, des postes de stagiaires selon Darcos

[ 23/06/09  – 23H01 – AFP  ]
© AFP/Archives – Franck Fife

Le ministre sortant de l’Education, Xavier Darcos, a annoncé à La Tribune à paraître mercredi que le budget 2010 prévoira 16.000 suppressions de postes dans l’Education, la quasi-totalité étant les postes de stagiaires supprimés par la réforme de la formation des enseignants.
« J’ai proposé de ne pas renouveler 16.000 emplois en 2010, conformément à la règle de non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite », a déclaré M. Darcos.
« Il s’agit de 600 postes d’agents administratifs et de 14.000 postes d’enseignants stagiaires affectés en Institut universitaire de formation des maîtres (IUFM) ou équivalent pour l’enseignement privé (à hauteur de 1.400) », a-t-il ajouté.
Au total, 34.000 postes de fonctionnaires seront supprimés dans le budget 2010, avait déjà annoncé auparavant le ministre du Budget Eric Woerth.
La réforme de la formation des professeurs des écoles, collèges et lycées prévoit que les futurs enseignants seront recrutés au niveau « master 2 » (bac +5) et que la formation incombe aux universités, et non plus aux IUFM. Du coup, pour la première année d’application de la réforme, à la rentrée 2010, les étudiants qui auront réussi le concours d’enseignants ne seront plus affectés en IUFM, mais directement en classe, ce qui permettra d’économiser à cette rentrée-là les 15.400 postes de fonctionnaires stagiaires cités.
M. Darcos a été nommé mardi soir ministre du Travail et est remplacé à l’Education nationale par Luc Chatel.
Les lettres plafond fixant les crédits et les effectifs dont disposeront les ministères doivent être dévoilées mercredi aux parlementaires, selon le ministère de l’Education.
Dans La Tribune, M. Darcos a ajouté que « le nombre de postes mis au concours en 2010 sera au moins égal à celui de la session 2009, dans le premier degré comme dans le second degré ».
Au ministère de l’Education, on fait remarquer que, hormis les suppressions de postes de fonctionnaires stagiaires qui sont la conséquence directe et déjà connue de la réforme de la formation des enseignants, il n’est pas prévu en 2010 d’autres suppressions de postes de professeurs.
Ces suppressions ont été de 13.500 en 2009 et de 11.200 en 2008.

Tribune sur Rue89 : Le gouvernement n’a pas reculé d’un décret.

tribune Université : le gouvernement n’a pas reculé d’un décret
Par Denis Guedj | Universitaire et écrivain  | 20/06/2009 | 19H00

http://www.rue89.com/2009/06/20/universite-le-gouvernement-na-pas-recule-dun-decret

Historique ! Un mouvement débuté juste après le Jour de l’An, qui se poursuit jusqu’aux vacances d’hiver, persévère jusqu’à Pâques, traverse avec légèreté trois « ponts » successifs, Ascension, 8 Mai, Pentecôte. Qui le mènent, toujours aussi obstiné, jusqu’à l’orée de l’été.
Une demi-année ! Qui l’aurait imaginé ? Alors qu’en 1968 le mouvement n’avait duré que cinq semaines)est en soi une victoire, cette durée inédite donne la mesure de notre engagement et de notre persévérance. Les pressions, les chantages, la désinformation, les articles assassins, sans compter les gesticulations des bouffonnes associations de parents d’étudiants (sic), n’y ont rien fait. Nous n’avons pas cédé, ils ne nous ont pas réduits.
Mais ils n’ont pas reculé d’un décret. C’est cela qu’il nous faut gérer. La plus grande richesse d’un mouvement réside dans les individus qui le composent. Nous ne disposons ni d’argent, ni d’armes, ni des lieux de pouvoir, ni des lieux d’information, nous sommes notre seule force.
Nous avons pour nous notre intelligence, notre créativité, notre imagination, notre obstination, notre refus intransigeant de nous soumettre à des coups de force contre la pensée. Cette richesse, il nous faut la protéger en veillant à ce que les combats que nous menons ne nous affaiblissent pas, mais au contraire nous renforcent humainement, philosophiquement et politiquement.
Hormis les « revendications » (préférons le terme « exigences »), qui s’adressent à l’adversaire, une lutte a principalement pour objet de nous donner toutes les raisons de poursuivre le combat entamé et de ne pas laisser se rompre les solidarités et les amitiés tissées pendant et par le conflit.

Décider nous-mêmes de l’issue du conflit
Voilà pourquoi il est décisif que nous décidions nous-mêmes ce qui est pour nous victoire ou défaite. C’est-à-dire que nous décidions de « ce qui compte » POUR NOUS. Ce que je dis n’est en rien un renfermement sur nous, mais une affirmation que nous sommes la source des luttes que nous menons. Le maintien des décrets ne signe en rien une défaite du mouvement, ceux qui espéraient que la reprise des cours et des examens mettrait fin aux mouvements, n’ont vraiment rien compris.

Grève, blocage, examens, rétention des notes, refus de participations aux jurys étaient des figures circonstanciées de notre lutte. Nous ne sommes pas fétichistes. Dès janvier, nous savions que le gouvernement ne reviendrait pas sur ses décrets et que ce qu’il désirait avant tout était de nous infliger une défaite radicale pour mater enfin ce monde universitaire et de la recherche non
pas rebelle, oh non ! mais rétif.
Il s’agissait d’un règlement de comptes avec un milieu social porteur de valeurs qui le dépassent. En agissant avec une telle haine, il perdait toute légitimité. Ce gouvernement n’est plus pour nous un interlocuteur valable. Ainsi, libérés d’avoir à attendre et à analyser ces gesticulations, nous avons pu mener nos luttes avec nos propres logiques, sereins, inventifs, finalement apaisés.

La force de ce mouvement :
* Le nombre et la diversité des acteurs. Pour la première fois et de façon durable, toutes les composantes de l’université, et des labos, enseignants chercheurs, administratifs, étudiants, se sont unis et ont mené ensemble une lutte non corporatiste. Et, remarquable, la présence importante de retraités, qui, grâce à « l’ouverture » du mouvement, ont pu se l’approprier et trouver leur présence légitime dans ces combats. Ils étaient là, non par solidarité, mais en acteurs.
* La dimension géographique. Le mouvement a innervé le territoire entier.
Pas une ville qui ne soit « touchée ». Pas un établissement universitaire, pas un labo qui ne se soit investi dans la lutte. Que d’enseignants, de chercheurs, d’étudiants, d’administratifs qui ont vécu là pour la première fois l’expérience grisante du combat
social.

* L’auto organisation du mouvement. À aucun moment, nous nous sommes laissés déposséder de l’initiative et des décisions à prendre. AG fréquentes, comité de grève, comité de mobilisation, élection des délégués aux différentes coordinations. Aucun regroupement n’a chapeauté le mouvement, aucun syndicat n’a voulu ou pu négocier sans nous et contre nous. Qui peut citer le nom d’un seul leader ? Les médias n’ont pas réussi à « isoler » l’un d’entre nous, pour en faire un leader qui leur aurait permis de placer le Un à la place du Nous. Est-ce une partie de l’explication de la pérennité, de l’obstination, de l’inventivité dont le mouvement a fait montre. Porte-parole qui ne monopolise pas la parole, la Coordination Nationale des Universités renouvelée tous les quinze jours, réunie dans une ville différente qui assure son accueil, a pleinement joué son rôle.
* L’incroyable inventivité des formes de lutte et de résistances Cours hors les murs, ligne de métro transformée en Amphi, la ligne 14 ! Les « Procès » de ministres. La Marche de Tous les Savoirs. La Nuit des Universités à Paris 8, l e vendredi 12 juin. Lancée par l’université de Pau, l’opération Escargot Electronique, partie à l’assaut des boîtes de courriers électroniques officielles, les ensevelit peu à peu sous un raz-de-marée de courriels de protestations. Les innombrables actes de désobéissance, de refus, 3000 instituteurs et directeurs d’écoles entrés en dissidence, les refus administratifs répétés.

Comme elle se l’était promise, la Ronde Infinis des Obstinés a repris ici ou là, intempestive. Sa mobilité focale a fait place à une mobilité géographique. Nous avons gagné une dimension. Nous tournons sur nous-même et dans la ville. Sur le parvis du Panthéon, à la BNF (Bibliothèque nationale de France), aux côtés des bibliothécaires en grève, à Beaubourg pour accueillir les marcheurs obstinés partis de Chartres quatre jours plutôt.

« Darcos, on te voit »
Nous girons rue de Grenelle, où gît le Ministère. « Darcos, on te voit ! » Et dès mardi, durant cinq jours, du 2 au 6 juin, de 12h à minuit devant le Panthéon, pour une ronde « européenne » . Sans oublier la métaronde, la Ronde des Rondes, où par-delà la distance, dans une dizaine de villes, les Rondes ont tourné ensemble.
Que ces rondes ne cachent pas la forêt des actions multiples, singulières qui fleurissent aujourd’hui dans des facs où les cours ont repris et où les examens ont lieu. Qui imagine que l’été nous consumera et que nous ne rependrons pas nos activités pour leur offrir une belle rentrée !
Le gouvernement a quelques soucis à se faire. Nous l’avertissons que cette lutte a produit des dizaines de milliers d’individus durablement engagés dans la résistance, qui ont plus encore qu’avant un compte à régler avec lui et avec la société qu’il veut nous imposer.
Serons-nous capables de poursuivre et d’amplifier notre lutte, de résister à leurs attaques, de ne pas nous défaire ? Seront-nous capables de résister aux sollicitations insidieuses et pleines de bon sens des « réformistes » toujours si réalistes, si pragmatiques, si ouverts, si modernes et qui toujours ont fini par nous faire un enfant dans le dos ?
À travers cette lutte collective, nous avons éprouvé ce que la lutte a de formateur, de mise en pratique de l’amitié entre égaux. Et de plaisirs.

Au bout du mouvement des facs, le cadavre du savoir ? (Marianne 2)

Marianne 2 : http://www.marianne2.fr/Au-bout-du-mouvement-des-facs,-le-cadavre-du-savoir_a179966.html

Régis Soubrouillard-Marianne | Jeudi 28 Mai 2009 à 13:14
« En phase d’épuisement, le conflit qui opposait depuis trois mois les universitaires au duo Sarkozy-Pécresse s’avère un puissant révélateur des errements médiatiques et politiques qui travaillent la société française, et de l’épuisement de la société de la connaissance, transformée en machine à produire des résultats.

La désastreuse victoire  que le duo Sarkozy-Pécresse est en passe de remporter dans le conflit qui l’oppose depuis plus de trois mois aux universitaires et aux étudiants ne laisse pas d’étonner. Comme le jusqu’au-boutisme désespéré, le nihilisme « suicidaire », dont le Figaro crédite le dernier carré des Astérix de la culture. Cette victoire mérite que l’on s’interroge sur les conditions de sa possibilité.
Car en réalité, au-delà de l’affrontement politique, ce conflit gravissime à plus d’un titre et son issue prévisible apparaissent comme de précieux indicateurs des changements qui travaillent la société française, des indices de la mutation civilisationnelle en cours dans les pays développés. Comme l’a été d’ailleurs l’accession au pouvoir de Sarkozy lui-même. Sans ces changements, ils n’eussent pas été possibles.

Un silence assourdissant
Au bout du mouvement des facs, le cadavre du savoir?
De ce travail souterrain, ce sismographe rudimentaire que constitue le monde des médias (presse écrite et audiovisuelle), n’a rien perçu ni rien enregistré. A de très rares et timides exceptions près, un silence assourdissant a enveloppé un mouvement d’une ampleur et d’une durée exceptionnelles. Silence cependant rompu régulièrement par la reprise servile des communiqués ministériels  et ponctuellement par la dénonciation éventée du rôle de l’extrême gauche dans la radicalisation du conflit.
Les « raisons » invoquées de ce silence ? La méconnaissance par les médias, censés s’informer pour informer, du monde universitaire et de ses valeurs, de la complexité de la réforme, la lutte pour le pouvoir symbolique entre deux institutions concurrentes mais également déclinantes. Et, réalité ou (et) fantasme, l’auto-censure envisagée comme une conséquence de la complicité politique entre les médias et le pouvoir. »

Lire la suite sur Marianne 2 : http://www.marianne2.fr/Au-bout-du-mouvement-des-facs,-le-cadavre-du-savoir_a179966.html

« Université d’Auvergne, les coulisses d’une fac modèle » (Bakchich-info)

Un article de Lucie Delaporte à Lire sur Bakchich : http://www.bakchich.info/Universite-d-Auvergne-les,07790.html

Extraits

« Gestion hasardeuse, partenariats suspects en Europe de l’Est, la fac d’Auvergne présentée par Pécresse comme un modèle a quelques cadavres dans ses placards. Elève modèle, la fac d’Auvergne collectionne les bons points. Première à passer sous le régime de l’autonomie, première à créer sa fondation pour lever les fonds d’entreprises privées, elle est aussi en pointe sur le développement à l’international. Quand la Sorbonne ressort les barricades contre la loi Pécresse, le président de Clermont1, Philippe Dulbecco, se répand à longueur d’interviews sur les bienfaits de la LRU : « Projet consensuel que la grande majorité des acteurs de l’enseignement supérieur appellent de leurs voeux depuis de nombreuses années » prophétisait-il hâtivement en début d’année dans les colonnes du Monde. Enfin, preuve que cette fac a décidément tout bon, le président a été promu au rang de chevalier de l’ordre national du mérite par son grand copain auvergnat, Brice Hortefeux, alors ministre de l’Immigration.

Une fac modèle…de dysfonctionnements

Reste qu’un certain nombre d’éléments dont Bakchich a pu prendre connaissance écornent un peu l’image du « modèle » érigé par le ministère. Publié à l’été 2008, mais étrangement boudé par la presse locale un rapport de la chambre régionale des comptes (téléchargeable à la fin de l’article) contient pourtant quelques perles sur la gestion pour le moins hasardeuse de la fac auvergnate. « la chambre a constaté l’existence symbolique de budgets de gestion », note d’emblée le rapport avant de pointer une série de « dysfonctionnements » propres à sérieusement ternir l’image de la fac. On y apprend ainsi que certains profs ou administratifs, et certains seulement, touchent des salaires plus que confortables comparés à la rigueur salariale en vigueur à l’université grâce à un système opaque d’heures complémentaires. Ainsi, relève le rapport, le directeur de l’IUP déclare chaque année quelques 300 heures sup’ soit l’équivalent de deux postes et demi d’enseignants et ce, alors qu’il collectionne déjà les fonctions administratives . « Un tel cumul d’activités ne manque de susciter des interrogations sur les conditions dans lesquelles une seule personne peut, réellement et effectivement, assumer une charge de travail aussi importante ». La chambre s’étonne d’autant plus qu’« En tant que directeur de l’IUP il est le seul à attester du service fait ». Voilà qui (…)

Caen : « le blocage de la Fac revoté dans l’indifférence » (Ouest-France)

À Caen, l’assemblée générale de mardi a confirmé ce mode d’action. La direction, elle, continue à organiser les rattrapages comme si de rien n’était.

Drôle d’ambiance à l’université de Caen. Lundi la présidente Josette Travert a décidé de rouvrir les bâtiments du campus 1. Mardi l’assemblée générale a voté la poursuite du blocage. Après seize semaines, le conflit se poursuit dans la confusion. Pour quelque 3 000 des 24 000 étudiants de l’université de Caen, la fin d’année s’écrit encore en pointillés.

Organisée sur les pelouses du campus 1, l’assemblée générale de mardi pouvait jouer les juges de paix. Il n’en a rien été. Sa faible affluence, reconnue dans les deux camps, ne lui offre pas une légitimité absolue. « Est-ce que ça crée un rapport de force ? », s’interroge un étudiant opposé au blocage. « J’appelle à l’abstention pour ne pas remettre en cause le vote de la semaine dernière », ose un des meneurs du mouvement.

Vers 13 h, 894 votants obtiennent le maintien du blocage dans un scrutin qui rassemble 1 713 personnes (261 abstentions). Ils étaient 2 932 votants une semaine plus tôt. Où sont passés les autres ? Ils ont repris le chemin des cours, à en croire la direction de l’université. Depuis lundi, des réunions entre enseignants et étudiants évoquent la fin de l’année, des rattrapages aux examens.

Solutions exceptionnelles

Quand le campus 1 (sciences de l’homme, droit, langues) ne peut pas accueillir tous les cours, les autres sites sont mis à contribution. « L’université de Caen dispose d’un patrimoine immobilier important, lance Pierre Sineux, président du conseil des études et de la vie universitaire (Cevu). Des filières terminent l’année. Elles laissent des locaux disponibles. » Les étudiants en droit, en sciences économiques, en médecine, en pharmacie et la plupart des scientifiques (sauf ceux de licence de biologie) ont terminé leurs programmes.

Les « bloqueurs » résistent, tentent de s’unir avec les autres mouvements sociaux, se frottent aux forces de l’ordre. La présidente Josette Travert regarde ailleurs. « Nous tentons de trouver des solutions exceptionnelles à une situation exceptionnelle. En délocalisant des cours et en proposant sur Internet. »

Les directeurs d’unité de formation et de recherche seraient les chevilles ouvrières de ce plan qui, selon l’administration, ne vise qu’un objectif : « Faire passer les examens à ceux qui le voudraient. » Tant pis pour les autres. « Une centaine d’étudiants restent déterminés pour un blocage sans intérêt. C’est une modalité d’action qui enferme dans une posture mais ne donne pas d’issue aux étudiants. » Iront-ils perturber les cours délocalisés ? Il sera difficile d’éviter ce que redoute le président du Cevu, Pierre Sineux : « Une sorte de jeu du chat et de la souris. »

Josué JEAN-BART.

Résistance universitaire

Résistance universitaire

Par Marie-Jean Sauret, professeur des universités (*)

Nous voulons l’amélioration de l’université française, non sa casse. Or le monde dans lequel elle est plongée n’est pas forcément celui que nous cherchons à servir. De sorte que l’idée d’un grand service public universitaire est en contradiction avec l’université que l’économie néolibérale veut mettre au service de la nouvelle économie des connaissances : transformer les institutions de l’enseignement supérieur et de la recherche en entreprises, réduire le savoir à des connaissances monnayables, rentabiliser le travail intellectuel avec les mêmes critères que ceux utilisés dans l’industrie et dans la finance, réserver le meilleur des techniques et de la science à une élite à son service, faire payer l’université par ses usagers…

Dans ces conditions, la fin du service public rendu par l’université est programmée, la mutation de la culture et du savoir en « ressources » technoscientifiques (évaluées en unités de crédit) est entérinée, et le sacrifice de millions de jeunes, devant lesquels se fermeront les portes de l’enseignement supérieur, est quasi consommé. Non seulement les entreprises universitaires devront alimenter le marché des connaissances, mais elles fabriquent déjà les théories dont le capitalisme a besoin : l’économie, mais
également l’anthropologie à travers laquelle il s’agit de nous formater afin que nous le servions mieux. Accessoirement, il conviendra de faire le ménage parmi les disciplines et les théories dérisoires, inutiles (bonnes pour la « culture générale » pour laquelle personne ne voudra payer), voire pernicieuses : par exemple le latin et le grec (ainsi que l’avait claironné notre
président), mais aussi les enseignements référés à la psychanalyse qui font de chacun une exception symptomatique aux anthropologies générales, les conceptions et les pratiques de l’art qui ne se rendraient pas immédiatement sur le marché, et pourquoi pas l’histoire (finie), l’archéologie, la préhistoire (sauf pour alimenter le tourisme, les expositions privées et les
collectionneurs : où se réfugie le désir !)…

Face à ces perspectives, l’université que nous servons actuellement est de fait un lieu de résistance au néolibéralisme. La crise économique, financière et sociale actuelle est conjoncturelle pour certains, le signe d’une véritable crise de civilisation pour les autres. Pour ces derniers, la poursuite de l’adaptation de l’université à une logique responsable de la crise est une fuite en avant dangereuse – qui redouble les raisons que nous avons de faire grève. Mais ce sont les tenants de la première interprétation qui gouvernent : le capitalisme doit être amendé, réformé, moralisé et la loi relative aux libertés et aux responsabilités des universités (LRU) y contribuerait pour sa part. Quoi qu’il en soit de l’issue du conflit, retrait ou adaptation de la LRU, la logique générale n’aura pas changé… et la crise ne se sera pas évanouie comme par enchantement. Les menaces des ministres sur les étudiants et les enseignants récalcitrants donnent une idée de ce qu’il faut entendre par « autonomie » : « Soyez autonomes mais soumis ! » : il s’agit bien de la « concurrence » qui soumet les universités aux impératifs économiques, aux patrons et aux politiques qui les achèteront – tout le contraire de l’émulation, voire de la compétition d’allure sportive.

La concurrence capitaliste renoue avec le cirque romain : le dernier y est mis à mort ! Plus cruellement encore, à petit feu : sans revenu, prié de rester chez lui, obligé de renoncer aux sorties, aux loisirs, à la culture, au livre, au cinéma, aux visites, et parfois au logement. La vie familiale et sociale, la santé physique et psychique se dégradent. Qui dira le poids de cette violence délibérée ? Que valent au regard d’elle les quelques heures de séquestration dont on nous parle ici ou là ? Est-ce qu’un jour il ne faudra
pas que les capitalistes et les politiques qui les servent soient jugés pour ce crime contre l’humanité ? Nous ne sommes donc pas, à l’université, dans le cadre d’un conflit, d’une bataille qui serait nécessairement perdue ou gagnée, mais plutôt d’une résistance à long terme. Celle-ci n’a aucun sens si on la coupe de la situation générale et des luttes qui se développent ailleurs, dans tous les secteurs de la vie de notre pays et des autres régions du monde.

Cette lutte doit profiter de toutes les occasions de donner un coup de frein, de provoquer un changement de cap à la logique néolibérale. Il n’est pas possible de laisser-aller ce système responsable de tant de souffrance (chômage, privation de logement, de nourriture, de culture, de loisirs, du droit de voyager, et de libertés diverses auxquelles les nantis ne pensent même pas avant qu’ils ne soient à leur tour frappés). Si l’on en juge aux témoignages de résistance qui parviennent de tous les secteurs de la vie
collective, sans doute les conditions sont-elles réunies pour que l’idée d’une nécessaire alternative au capitalisme prenne consistance. Est-il impensable que pas effectués par chacun pour lutter soient collectivisables dans un autre « vivre ensemble » ? En tout cas l’université participe de ce mouvement et met de fait le savoir qu’elle sert à la disposition de ceux qui vivent et veulent penser ce moment…

(*) Psychanalyste et membre du Collectif de l’Appel des appels.

Source: http://www.humanite.fr/2009-05-11_Tribune-libre_Resistance-universitaire

Reportage vidéo à Besançon (Médiapart)

« Après 15 semaines de grève, l’université française ressemble-t-elle à un champ de ruines ou un champ de bataille? Les plus engagés contre les réformes veulent croire à une reprise de la grève à la rentrée. Reportage vidéo à Besançon où treize semaines de suspension des cours, de blocage d’examens, d’occupation des locaux et d’assemblées générales ont changé la face de la faculté de la ville natale de Proudhon, l’un des pères de l’anarchisme. »

6 présidents d’université en appellent au chef de l’état.

Monsieur le président de la République,

Si nous nous permettons de nous adresser à vous maintenant, c’est que la situation dans les universités est grave.

Quelle que soit la façon dont on vous présente les choses, aussi bien officiellement que dans les médias, la confusion règne : on vous dit à la fois qu’il ne se passe rien de considérable et que tout rentre dans l’ordre, et en même temps que l’année risque d’être perdue dans des troubles et des désordres intolérables. C’est là un tableau pour le moins contradictoire.

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La réalité est certes contrastée. Mais, dans certains établissements et dans certaines filières, il n’est pas sûr que les examens puissent se tenir dans des conditions correctes ni même simplement se tenir. Et la solution du décalage au début de l’été pas davantage le basculement en septembre ne constituent la moindre solution à ce type de problème. Il y a risque réel de non-validation du semestre, donc de l’année, ce qui est aussi catastrophique pour les étudiants qu’ingérable pour nos administrations – sauf à laisser les universités éventuellement concernées inventer, dans le cadre de leur autonomie, des modes de règlement du problème indépendants des contrôles strictement bureaucratiques des tutelles : à situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles.

Quel est l’état d’esprit des acteurs de la communauté universitaire ? On peut le présenter sous deux aspects. L’un d’eux, que vous avez sans doute perçu dès le début de la crise, c’est l’opposition et la colère de la quasi-unanimité des parties prenantes (sociétés savantes, organes décisionnels professionnels de l’enseignement supérieur, structures académiques, syndicats de tous bords…) vis-à-vis des deux grands chantiers que vos ministères ont ouverts : la réforme des statuts des enseignants-chercheurs et l’ensemble du dispositif de la formation et du recrutement des professeurs des écoles et des lycées et collèges. Une telle union n’avait jamais été vue.

Le second aspect est davantage et durablement porteur de tensions. Comme le traitement du premier point reste ambigu, subsiste une impression diffuse et tenace d’une volonté ministérielle de passer systématiquement outre les avis de la communauté universitaire. Pour parler clair, beaucoup n’ont plus confiance.

Pourtant, toutes les raisons ont été largement, clairement et publiquement expliquées qui entraînent à voir dans les mesures prises un ensemble de réformes sans grand impact positif, voire aggravantes, menées dans la précipitation et sans réelle consultation d’une communauté universitaire habituée à la collégialité dans la prise de décisions et encouragée depuis des années dans l’idée et la pratique qu’elle doit s’investir dans le gouvernement de l’enseignement supérieur et de la recherche.

La sagesse consiste évidemment à décider un moratoire, de manière à favoriser une réflexion réelle, et collective, sur cette question qui déborde amplement le milieu universitaire, et qui touche, justement parce que nous sommes une démocratie, tous les enfants de toutes les familles du pays.

Or que constatons-nous ? Il n’y a ni suspension ni moratoire – mais une série de mesures, d’indications, de commissions, de projets, d’annonces, qui conduisent à faire entériner des dispositifs confus, peu lisibles et globalement nocifs. D’où un sentiment général d’amertume, de colère, de rancoeur, voire de désespoir, qui aboutit à un mélange de consternation et de radicalisation avec le risque de comportements de plus en plus incontrôlables. C’est miracle que l’on en ait jusqu’à maintenant limité la propagation.

Qu’en sera-t-il quand on sera conduit à envisager que, par suite de l’obstination ministérielle ou d’une démarche excessivement tatillonne de l’administration des tutelles, des milliers d’étudiants puissent perdre leur année ? La démarche actuelle génère, dans le milieu de la culture, de la recherche et de l’enseignement, très attaqué et moqué ces temps-ci, un malaise profond, durable, et aux effets lointains, très peu susceptible de donner de l’attractivité à notre enseignement supérieur et à notre recherche.

Il faut donc, vite, des gestes d’apaisement vigoureux, radicaux et clairs, que vous seul, Monsieur le président de la République, pouvez accomplir avec éclat et avec sagesse. C’est la confiance qu’exprime de la sorte notre profond respect.

Par

  • Pascal Binczak, président de l’université Vincennes-Saint-Denis (Paris-VIII),
  • Lise Dumasy, présidente de l’université Stendhal (Grenoble-III),
  • Anne Fraïsse, présidente de l’université Paul-Valéry (Montpellier-III),
  • Bernadette Madeuf, présidente de l’université Paris-Ouest (Paris-X),
  • Georges Molinié, président de l’université Paris-Sorbonne (Paris-IV),
  • et Philippe Rollet, président de l’université Lille-I, sciences et technologies.

A lire en ligne sur le site du Monde : http://www.lemonde.fr/opinions/article/2009/05/13/sept-presidents-d-universite-en-appellent-au-chef-de-l-etat_1192503_3232.html

Nos enfants méritent mieux que cette farce

Appel publié sur le site de l’Humanité : http://www.humanite.fr/2009-05-12_Tribune-libre_Nos-enfants-meritent-mieux-que-cette-farce

Monsieur Darcos a-t-il entendu la clameur monter tout l’hiver des universités, des IUFM et des places publiques : « La réforme est mauvaise » ? Les concours sont finalement maintenus l’année prochaine dans leur forme actuelle. Soulagement… Il était d’ailleurs devenu impossible de bricoler dans la plus grande précipitation un nouveau concours à quelques semaines de la rentrée. Mais si le ruban du cadeau est chatoyant, la ficelle apparaît bien vite un peu grosse : le paquet ainsi emballé n’a pas changé, toujours une mastérisation de la formation et du recrutement des enseignants façon Darcos-Pécresse. Nous, membres actuels et anciens membres du jury de CAPES d’histoire-géographie, souvent préparateurs à ces concours ou formateurs des jeunes lauréats, ne pouvons nous taire devant une telle mise en danger de la formation et du recrutement des enseignants.

Le ministère veut imposer que les candidats aux concours s’inscrivent dans de nouveaux parcours ou masters métiers de l’enseignement, dont les universités ont refusé de déposer les maquettes : en effet, selon une recette digne des plus grands « puddings », ces masters devraient accumuler concours, mémoires de recherche et stages – en deux ans. De tout, un peu et mal. Est-ce bien raisonnable ? Pourquoi utiliser le cheval de Troie des inscriptions aux concours pour faire passer « en douce » ou plutôt en force, une mastérisation monstrueuse et dangereuse ? Pourquoi refuser de se donner le temps et les moyens de penser une réforme constructive ? La formation et le recrutement des enseignants méritent-ils tant de confusion, de précipitation – de cynisme ?

L’important pour le ministère n’est pas la compétence, c’est la maîtrise du cadre et des dépenses. Il a tenté de mettre les concours au même pas : structure unique pour des métiers multiples, de la maternelle à la terminale. S’il y a renoncé temporairement, il n’a accordé aux concours actuels qu’un sursis d’un an, sans leur faire grâce du carcan de cette mastérisation. Ainsi, le bourreau a décidé qu’en plus d’une préparation exigeante, les candidats devraient réaliser un mémoire de recherche et suivre des stages. Comment pourront-ils mener de front toutes ces tâches la même année ? S’agit-il encore de formation et d’accomplissement intellectuel ou d’un régime de double, voire triple peine ? Les concours restent pourtant le moyen le plus égalitaire de recruter dans un cadre national des fonctionnaires d’État et de qualité. Et c’est bien là l’enjeu majeur. Ces masters ou parcours, que X. Darcos et V. Pécresse voudraient voir bricolés dans la plus grande hâte, préparent des cohortes d’étudiants reçus à des masters sans valeur réelle mais « collés » à des concours. Quoi que les bateleurs cherchent à faire accroire, cette réforme ne prépare pas la circulation des étudiants et des diplômés en Europe, mais des viviers de contractuels mal formés, taillables et corvéables à merci par des commissions rectorales ou des établissements. Économie à courte vue qui met en péril l’école.

Enfin, après l’allongement de la durée des études d’un an, sans rémunération ni système satisfaisant de bourses, est-ce encore une preuve d’amour que de supprimer le stage de formation alternée des lauréats des épreuves de CAPES ? Est-il raisonnable d’envisager de simples « compléments de formation » à l’entrée dans le métier des professeurs-stagiaires ? Quant à ceux qui auront échoué au concours, mais seront employables comme contractuels, il n’est rien prévu pour eux. Souffrances, échecs et désarroi en perspective. L’économie réalisée justifie-t-elle de faire des élèves les cobayes de ces futurs enseignants condamnés à l’apprentissage pédagogique sur le tas ? Qui ne peut voir que c’est toute l’école qui est en danger, de la maternelle à l’université ? Face aux effets d’annonce et aux écrans de fumée déployés, force est de dénoncer cette stratégie de communication grossière, qui fait des contestataires des opposants de toujours au changement. Faire évoluer les épreuves de CAPES : oui. Sanctionner la compétence réelle des enseignants par un diplôme correspondant : oui. Revaloriser leur statut : oui. Mille fois oui. Mais dans la concertation, pour assurer une formation de qualité, et non organiser la précarisation du métier d’enseignant, la rupture dans la transmission des savoirs, la dégradation de la formation professionnelle et le désengagement de l’État de ses missions fondamentales de service public. Il n’est plus temps de tergiverser mais de retirer ce funeste projet. C’est pourquoi nous, membres actuels et anciens membres du jury de CAPES d’histoire-géographie, demandons le maintien des préparations et concours dans leurs conditions d’inscriptions et calendriers actuels, le maintien d’une véritable année de formation en alternance des fonctionnaires-stagiaires, pour construire collégialement une autre réforme.

Nos enfants méritent mieux que cette funeste farce.

(*) Signataires :

Joëlle Alazard (professeure en classe préparatoire, Lille), Annie Allély (université du Maine), Marie-France Auzépy (université Paris-VIII), Véronique Beaulande (université de Reims), Jérôme Bocquet (IUFM Centre Val-de-Loire université d’Orléans), Pierre-Yves Boillet (professeur à Marseille), Jean-Baptiste Bonnard (université de Caen), Damien Boquet (université d’Aix-Marseille-I), Sébastien Boulay (professeur en classe préparatoire, Vanves), Catherine Bustany-Leca (université de Caen), Philippe Buton (université de Reims), Caroline Calandras (professeure en classe préparatoire, Montpellier), Nicolas Carrier (université Lyon-III), Alexis Charansonnet (université de Lyon-II), Yves Coativy (université de Brest), Dominique Comelli (IUFM de Polynésie), Bruno Comentale (université de Nantes), Olivier Compagnon (université Paris-III-Institut des Hautes Études de l’Amérique latine), Patrick Corbet (université Nancy-II),Pierre Cosme (université Paris-I), Sébastien Cote (professeur en classe préparatoire Montpellier), Olivier Delmas (professeur, Bondy), Géraldine Djament-Tran (université de Strasbourg), Stéphane Durand, (université Montpellier-III), Henri Eckert (IUFM de Martinique), Jean-Christophe Fichou (professeur, Brest), Anne- Marie Flambard Héricher (université de Rouen), Claire Fredj (université Paris Ouest-Nanterre-la Défense), Alban Gautier (université du littoral Côte d’Opale), Stéphanie Guédon (université de Limoges), Laurent Guichard (université Nancy-II), Typhaine Haziza (université de Caen-Basse-Normandie), Jean Kerhervé (université de Brest), François Kirbihler (université Nancy-II), Christophe Lastécouères (université Bordeaux-III), Corinne Le Gras (université de Rouen), Adrien Lherm (université Paris-IV Sorbonne), Éric Limousin (université de Bretagne Sud), Aliocha Maldavsky (université Paris Ouest-Nanterre), Jean-Jacques Mangin (professeur, Saint-Genis-Laval), Lucile Medina (université Montpellier-III), Didier Mendibil (IUFM Créteil-Paris-XII), Alain Messaoudi (École des hautes études en sciences sociales), Étienne Paquin (professeur en classe préparatoire, Nancy), Patrice Peveri (université Paris-VIII), Danièle Pingué (université de Franche-Comté), Jean-Louis Podvin (université du littoral Côte d’Opale), Samuel Provost (université Nancy-II), Emmanuelle Retaillaud-Bajac (université de Tours), Sylvain Rode (université de Reims), François Saur, Pierre Sineux (université de Caen), Michel Solonel (IUFM Créteil-université Paris-XII), Christian Stein (université de Bourgogne), Marie-Albane de Suremain (IUFM Créteil- Paris-XII), Sylvie Thénault (chargée de recherche CNRS-Paris-I), Nicolas Tran (université Rennes-II/EFR), Quoc Phong Tran (professeur en classe préparatoire, Prytanée National Militaire), Danielle Tucat, Sylvain Venayre (université Paris-I Panthéon- Sorbonne), Geneviève Verdo (université Paris-I Panthéon- Sorbonne), Ludovic Viallet (université Clermont-Ferrand-II), Jean-Paul Volle (université Paul-Valéry), Catherine Vuillermot (université de Franche-Comté).

Haro sur les gauchistes de l’université (Le Monde Diplomatique)

« On a enfin une explication aux mobilisations qui secouent le monde de l’enseignement supérieur et de la recherche depuis quatorze semaines : elles sont manipulées par l’extrême gauche ! Le 4 mai, le porte-parole de l’Union pour un mouvement populaire (UMP) Frédéric Lefebvre fustigeait ainsi la « minorité de surexcités qui sacrifie pour des raisons idéologiques l’avenir des jeunes ». Le même jour, l’éditorialiste du Figaro, Yves Thréard, expliquait à ses lecteurs que l’université française « continue de creuser sa tombe par la faute de quelques enragés ». Dans la foulée, le socialiste François Hollande tançait « une extrême gauche qui cherche, pour des raisons qui lui appartiennent, à engager un conflit qui n’a que trop duré (1) ». Il crut même retrouver un instant des airs thoréziens en clamant : « à un moment, il faut savoir sortir d’un conflit », oubliant juste la seconde partie de la phrase prononcée en juin 1936 par le secrétaire général du Parti communiste français : « Dès l’instant où les revendications essentielles ont été obtenues. »

Et en la matière, on peut dire que l’on est loin du compte :  » Lire la suite sur le site du Diplo : http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2009-05-08-Universites

Le Vatican pourra viser les diplômes universitaires (Le Monde, 11 Mai)

Extrait :

« Le monopole de l’université publique sur la délivrance des titres universitaires est en train de craquer, et la guerre scolaire pourrait se ranimer. C’est la conséquence directe du décret paru au Journal officiel du 19 avril 2009, qui rend applicable l’accord signé le 18 décembre 2008 entre Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères, et le Vatican : par cet accord, la France s’engage à reconnaître les diplômes délivrés par « les universités catholiques, les facultés ecclésiastiques et les établissements d’enseignement supérieurs dûment habilités par le Saint-Siège ». Depuis, le camp laïque fourbit ses armes. Un Collectif pour la promotion de la laïcité, récemment créé, vient de lancer une pétition et prépare un recours devant le Conseil d’Etat. » (…)

Cinq instituts supérieurs d’enseignement catholiques, les « cathos », créés par l’Eglise à la fin du XIXe siècle à Paris, Angers, Lille, Lyon et Toulouse, proposent des formations en lettres, en économie, ou en mathématiques aux côtés de leurs diplômes de théologie. Au total, 65 000 étudiants y sont inscrits dont la majorité suit un cursus profane, et payant.

Les « cathos » n’ont pas le droit de délivrer des diplômes universitaires. Elles passent des conventions avec l’université publique voisine, qui valide les formations et délivre le diplôme en son nom. S’il n’y a pas eu de convention, elles demandent au recteur d’académie d’organiser un jury d’Etat chargé d’évaluer leurs candidats.

Le nouveau texte induit que si ces mêmes diplômes, demain, sont visés par le Saint-Siège, ils seront automatiquement reconnus par l’Etat, sans le passage par le label de l’université publique. Ce qui revient à entamer le monopole d’Etat de la délivrance des diplômes universitaires. »

(…)

La volonté de l’exécutif n’est pas clairement exprimée, mais, pour les spécialistes interrogés par Le Monde, l’accord s’inscrit dans la droite ligne du discours de Latran du 20 décembre 2007, où Nicolas Sarkozy avait regretté que la République « répugne à reconnaître la valeur des diplômes délivrés dans les établissements d’enseignement supérieur catholique alors que la convention de Bologne le prévoit ». L’Elysée ajoute aujourd’hui que « la France reconnaît déjà les diplômes de toutes matières délivrés par les universités pontificales reconnues ailleurs en Europe par les vertus du processus de Bologne ».

Lire la suite sur le site du Monde : http://www.lemonde.fr/societe/article/2009/05/11/le-vatican-pourra-viser-des-diplomes-universitaires_1191470_3224.html#ens_id=1191564

Lettre ouverte aux 16 présidents d’universités auteurs de l’article Moderniser l’Université

A lire en ligne sur Marianne 2 : « Trente profs répondent aux présidents d’université« .

Lettre ouverte aux 16 présidents d’universités auteurs de l’article Moderniser l’Université (Le Monde, 22 Avril)

Nous avons lu et relu, avec beaucoup d’attention, ce texte que vous avez cosigné dans Le Monde du 23 avril 2009. Il nous a surpris et déçus par sa faiblesse argumentative. La première raison du malaise réside dans la tentative maladroite de convaincre que les motifs de la mobilisation auraient disparu.
Le jour même où les lecteurs de votre texte découvraient que « l’ampleur du mouvement a permis l’ouverture de négociations qui ont abouti à un retrait de fait des textes incriminés », le Conseil des ministres validait le texte de décret de modification du statut des enseignants-chercheurs pourtant si unanimement rejeté.
Au même moment, les rares maquettes de masters d’enseignement prétendument bloquées étaient avalisées par le ministère, avec mise en oeuvre possible dés la rentrée de septembre. On apprenait aussi la publication au Journal Officiel du décret portant sur la reconnaissance des grades et diplômes de l’enseignement supérieur délivrés par les institutions canoniques dont vous demandiez vous-mêmes explicitement la modification (lettre de la CPU du 5/01/09 à N. Sarkozy).

Votre affirmation de « sortie de crise » est donc fausse, vous le savez. Vous tentez aussi de laisser croire à une quelconque concertation existante ou ayant existé entre les acteurs de la mobilisation et les représentants du gouvernement, ce qui est faux. Ce texte qui comporte de graves inexactitudes donne l’impression d’un assemblage, plus ou moins bancal, de phrases défendant « l’Université » et d’autres défendant « nos universités ». Les premières semblent exprimer, mais à mots prudents, une sorte de souci incantatoire pour le service public que tout le monde partage ou, plus exactement, affirme et qui n’engage pas beaucoup, comme chaque parole lénifiante. Les secondes expriment, cette fois clairement, l’assimilation de « vos » universités à des entreprises que vous auriez à faire prospérer, machines à produire du savoir (s’il le faut) et surtout des diplômes (remplacez « nos universités » par « nos entreprises », l’effet est saisissant). Entreprises exposées à des revendications sociales qui les perturbent, les menacent, nuisent à leur pouvoir attractif.

Ce sont précisément ces phrases-là qui reflètent l’idéologie entrepreneuriale (plutôt qu’un « idéal ») qui a envahi le discours des « responsables », le plus souvent à leur insu, idéologie à laquelle notre métier nous apprend à être sensibles.
Ces « universités » qui sont « vôtres » ne sont que des fictions, des modèles «prêts à penser» bien pratiques pour raisonner de façon réflexe, ce qui témoigne précisément d’un aveuglement idéologique, le même que celui que dénoncent aujourd’hui les médecins. C’est l’ensemble des enseignants et des étudiants auxquels ils transmettent un savoir qu’ils élaborent dans leurs recherches qui sont l’Université.

Ainsi, ce ne sont pas « vos universités » qui ont l’impératif besoin d’autonomie, ce sont les enseignants et les chercheurs : votre autonomie est gestionnaire uniquement, notre autonomie est intellectuelle uniquement. Et la première doit être au service de la seconde : votre autonomie gestionnaire est destinée à nous permettre d’enseigner et de faire de la recherche ; notre autonomie intellectuelle n’est pas destinée à moderniser votre gestion.

Les conséquences que vous tirez des attendus de votre texte révèlent elles aussi que vos signatures ont été assemblées aux forceps : on lit d’une part une charge forte vis-à-vis du pouvoir politique. Ainsi à côté des protestations de la communauté dont vous reconnaissez la légitimité, au moins pour certaines (sans du reste préciser lesquelles sont légitimes), vous associez très explicitement l’origine de la «déstabilisation» des universités du côté des ministères, voire de la Présidence de la République : « des projets de réformes empilés, lancés le plus souvent dans la précipitation, et sans dialogue préalable suffisamment large (…), des suppressions de postes et la mise en cause des organismes de recherche ». Un peu plus loin, vous fustigez « la cacophonie institutionnelle et la confusion politique » qui empêchent l’université de progresser, ou encore l’impact négatif probable qu’il y a à faire de l’université « le champ clos de conflits politiques et sociaux qui, pour réels qu’ils soient, lui sont en partie extérieurs ».

On trouve aussi comme grief à nos gouvernants actuels que l’Etat n’assure pas « l’égalité sur tout le territoire  entre les citoyens, et entre les fonctionnaires », ou en tout cas, qu’il est nécessaire qu’il le fasse « mieux qu’il ne l’a fait jusqu’à présent ». Si nous ne pouvons que souscrire à cette indignation, la suite a de quoi consterner, et étonner, parce qu’elle n’est pas de la même eau : « il est impératif que d’autres formes d’action (…) succèdent [à la mobilisation] » ; lesquelles ? Que proposez-vous ? Il faut « que soit respecté le droit d’étudier et de travailler dans les universités »… Nous nous en chargions bien avant que vous ne soyez présidents et continuerons après : c’estnotre métier. Il est impératif « qu’une validation claire garantisse la qualité des diplômes délivrés ». Et qu’est-ce qui va garantir alors que ces diplômes seront délivrés par des enseignants qualifiés, c’est-à-dire par des enseignants qui font activement de la recherche et non par ceux que vous enverrez enseigner plus parce qu’ils ne font pas ou pas assez de recherche, conformément aux droits que vous confère le décret dont nous ne voulons pas et que vous avez laissé publier ?

Madame et Messieurs les présidents, nous sommes mobilisés et allons le rester parce que nous savons lire et que nous savons que les « textes incriminés » n’ont pas été retirés. Certes les ministres, et la cour qui les entoure, font courir le bruit qu’ils l’ont été car ils ont l’urgent besoin d’étouffer ce conflit.  Cette crise est leur échec et le vôtre, qu’on tente d’effacer de l’actualité à grand renfort de campagne de communication.

Mais est-ce bien la fonction de présidents d’université de participer à la diffusion de cet écran de fumée ? Vous, qui affirmez haut et fort dans ce texte que vous ne pouvez « imaginer que le fonctionnement démocratique de nos universités soit mis au seul service des ordres d’un ministère ou de quelque instance nationale que ce soit », qu’avez-vous fait des intérêts de l’Université que vous servez ?
Pourquoi les bradez-vous contre vos intérêts et les pouvoirs qu’on vous donne de gérer des « ressources humaines » ?
Comment n’avez-vous pas compris que cette gestion qu’on vous abandonne est indigne de l’Université à laquelle vous devez vous dévouer ?
Sans moyens pour mener à bien une politique scientifique, un président aussi bien intentionné soit-il se verra contraint d’augmenter la charge d’enseignement de ses collègues les moins armés pour enseigner. Vous prendrez la main sur notre emploi du temps, pourrez exercer tous les moyens de pouvoir, démocratiques ou moins démocratiques, pour contraindre de fait à moduler à la hausse l’emploi du temps de tels ou tels collègues.

Cette besogne est-elle si attrayante ? Le fond du problème est que nous ne reconnaissons pas à ceux qui gèrent, même au mieux, le fonctionnement d’une université, la légitimité d’intervenir de cette façon sur notre travail : sans nous, pas d’université et d’ailleurs, nous en faisons la démonstration. Sans président, un gestionnaire éclairé permettrait l’exercice de notre fonction, sans s’y immiscer.

Madame et Messieurs les présidents, nous assumons nos responsabilités devant nos étudiants, et devant eux seulement. Nous défendons leurs droits, nous pesons pour que prochainement leurs situations ne s’aggravent pas encore, pour que les droits d’inscription ne deviennent pas prohibitifs pour « les étudiants les plus démunis » (qui soucient ceux qui tournent autour du pouvoir uniquement lorsque cela s’avère bienvenu pour leur argumentation). Nous défendons la nécessité d’une formation libre de tout contrôle autre que celui de la rigueur de la connaissance scientifique.

Nous nous faisons confiance les uns aux autres, Madame et Messieurs les présidents, car nous nous savons responsables et consciencieux. Nous n’avons nul besoin qu’on nous rappelle à l’ordre du haut d’une hiérarchie que nous ne reconnaissons pas.

Nous sommes des agents de l’Etat, non ceux de « vos établissements ». C’est pourquoi nous considérons vos prises de position comme un abandon de vos fonctions de représentants élus par la communauté de vos universités. Croyez bien qu’aujourd’hui, comme demain, vous pouvez compter sur nous, nous ne lâcherons pas. Nous sommes déterminés et nombreux à l’être. La modernité n’est pas un idéal, c’est une réalité en perpétuelle évolution et la présenter comme un but à atteindre, outre que c’est encore une fiction, dissimuleces temps-ci une idéologie que les enseignants, les médecins, les journalistes, les psychologues, les magistrats, les chercheurs (qui tous savent lire aussi entre les lignes) et demain d’autres estiment calamiteuse. Ils estiment aussi que c’est de leur devoir de la combattre, obstinément.

Bonnot Virginie, MC*
Burkhardt Jean-Marie, MC
Caroff Xavier, MC
Chabert Catherine, PR**
Chaby Laurence, MC
Chagnon Jean-Yves, MC
Charvillat Agnès, MC
Cohen-De-Lara Aline, MC
Cornillot Michèle, MC
Coudin Geneviève, MC
Delgoulet Catherine, MC
Devouche Emmanuel, MC
Doré-Mazars Karine, MC
Duchet Clara, MC
Dufoyer Jean-Pierre, MC
Emmanuelli Michèle, PR
Estellon Vincent, MC
Girault-Lidvan Noëlle, MC
Granier-Deferre Carolyn, MC, HDR
Gueniche Karinne, MC
Gyselinck Valerie, MC
Houssier Florian, MC
Krauth-Gruber Silvia, MC
Missonnier Sylvain, PR
Mouchiroud Christophe, MC
Mouras, Marie-Josée, MC
Nicolas Serge, PR
Parot Françoise, PR
Plaza Monique, CR1, CNRS, HDR
Robert Philippe, MC
Verdon Benoit, MC
Vergilino-Perez Dorine, MC

* Maître de Conférence
** Professeurs d’université

20 000 professeurs en moins en 2010 ?

(Info reprise depuis le site Fabula)

20 000 professeurs en moins en 2010 ?
En 2010 34 250 postes de fonctionnaires devraient être supprimés dont 21 000 dans l’éducation. Selon Les Echos, les négociations ont commencé entre Bercy et les ministères pour fixer le nombre des emplois en 2010. L’objectif fixé par Nicolas Sarkozy est de remplacer un départ en retraite sur deux. On s’attend à 68 500 départs en retraite en 2010 ce qui devrait entraîner la suppression de 34 250 postes. C’est nettement plus qu’en 2008 (22 791), 2009 (30 529). Au total près de 100 000 emplois ont été supprimés en 3 ans. La mesure devrait rapporter un peu moins d’un milliard d’euros d’économie. Une somme importante qui est à rapporter au déficit public (Etat) en 2009 (104 milliards) ou aux subventions accordées à la seule industrie automobile (7 milliards).

L’éducation nationale première touchée. Avec son million d’agents, l’éducation nationale est forcément le ministère le plus touché par ces suppressions de postes. Ce nouveau tour de vis la frappera durement : 21 200 postes pourraient être supprimés. Ce serait nettement plus qu’en 2008 et 2009 (11 000 et 13 500).

Lire l’article complet dans Les Echos.

Xavier Darcos furieux contre certains universitaires

A lire dans Ouest-France du 6 Mai »
« Des fous qui cherchent des alliés ». C’est ainsi que Xavier Darcos qualifient certains universitaires en grève depuis des semaines pour des revendications « auxquelles je ne comprends rien », ajoute le ministre. « Je ne sais même pas ce qu’ils veulent. Ces gens-là creusent leur tombe. A la Sorbonne, les inscriptions sont en chute de 20%. On leur offre l’autonomie; on les couvre de milliards… Pour une minorité, c’est une vraie névrose autodestructrice. Je serais prof du premier degré, je serais sans doute parmi les mecs qui gueulent. Mais, dans le supérieur, plus je plonge dans le dossier, moins j’arrive à comprendre. »

Le mouvement dans l’Humanité le 7 Mai

Sur la une, grand titre « FACS : « Pourquoi nous luttons encore » et photo d’un amphi. Ensuite :

– Facs : ils ne veulent pas céder
Après quatorze semaines de lutte, les enseignants-chercheurs butent toujours sur l’immobilisme et l’arrogance du gouvernement. Trois acteurs clés livrent leur bilan et leur vision de l’avenir. Réduire le mouvement universitaire à la question des examens, voilà la dernière illusion médiatique pratiquée par le gouvernement. Une campagne activement menée pour faire oublier quatorze semaines de lutte, restées à ce jour sans réponse. Comment en est-on arrivé là ? Et que faire désormais ? L’Humanité a décidé (…) la suite à :
http://www.humanite.fr/2009-05-07_L-Evenement_Facs-ils-ne-veulent-pas-ceder

– Malgré le chantage aux examens, grèves et blocages continuent
La ministre a beau multiplier les pressions, il n’y a toujours pas de retour à la normale dans les établissements.
la suite à http://www.humanite.fr/2009-05-07_Societe_Malgre-le-chantage-aux-examens-greves-et-blocages-continuent

– Les « désobéisseurs » toujours là
Troisième journée de mobilisation, hier, de ce collectif qui rassemble près de 2 800 enseignants refusant d’appliquer les réformes Darcos.
la suite à : http://www.humanite.fr/2009-05-07_Societe_Les-desobeisseurs-toujours-la

– La fumée de la moquette
Luc Chatel, le porte-parole du gouvernement, a dû fumer hier matin la moquette du Conseil des ministres. Avec Nicolas Sarkozy, a-t-il expliqué lors de son compte rendu illuminé, « c’est l’histoire de la pensée universelle française qui redémarre ». Sonnez trompettes, jouez violons, et vous âmes de Diderot, Voltaire, Saint-Just, Hugo, Jaurès, exultez… C’est vraiment n’importe quoi.
la suite à http://www.humanite.fr/2009-05-07_Societe_La-fumee-de-la-moquette

« Quand le prêtre formera l’instituteur. »

Quand le prêtre formera l’instituteur, par Caroline Fourest
LE MONDE | 30.04.09 | 12h54  •  Mis à jour le 30.04.09 | 12h54

On assiste à un assaut sans précédent pour tenter d’affaiblir l’enseignement républicain et laïque au profit de l’enseignement privé et confessionnel. En principe, la République « ne reconnaît, ne salarie, ni ne subventionne aucun culte ». En coulisse, tout est fait pour torpiller l’esprit de cette loi dès qu’il s’agit d’éducation nationale.

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Dans la plus grande discrétion, tout un pan du discours prononcé par Nicolas Sarkozy à Saint-Jean-de-Latran vient d’entrer en vigueur. On se souvient de cette phrase dans laquelle le président plaçait le prêtre au-dessus de l’instituteur « dans la transmission des valeurs ». Depuis, il a tenté de minimiser. Ces mots traduisent pourtant une vision de la transmission et de l’enseignement que son gouvernement applique à la lettre.

Dans une autre partie de son discours, moins célèbre, le président regrettait que la République ne reconnaisse pas la « valeur des diplômes délivrés par les établissements d’enseignement supérieur catholique ». On pensait à la reconnaissance de diplôme de théologie… Ils n’ont pas à être validés par la République puisqu’elle ne « reconnaît aucun culte ». Mais le président s’obstine. Notamment avec l’arrière-pensée de pouvoir estampiller la formation des imams rêvée par le ministère de l’intérieur mais dispensée par la Catho. Un bricolage qui ne fait que renforcer l’impression d’une gestion post-coloniale de l’islam, donc la propagande islamiste. Tout en tuant à coup sûr l’esprit de 1905.

L’affaire est plus grave qu’il n’y paraît. Les décrets de cet accord – signé en catimini entre la France et le Vatican le 18 décembre 2008 – viennent de tomber. Ils prévoient la « reconnaissance mutuelle des diplômes de l’enseignement supérieur délivré sous l’autorité compétente de l’une des parties ». Or cette « reconnaissance » ne vaut pas seulement pour les matières théologiques mais aussi profanes. Autrement dit, le baccalauréat ou d’éventuels masters.

L’accord feint d’appliquer une directive européenne (le processus de Bologne), pensée pour reconnaître les diplômes étrangers, mais il change de nature à partir du moment où il est signé avec le Vatican, pour « reconnaître » des diplômes délivrés sur le sol français par des établissements de l’Eglise. Ce qui revient non seulement à casser le monopole des diplômes qu’avait l’Etat depuis 1880, mais aussi l’esprit de l’article 2 de la loi de 1905.

Jusqu’ici, les établissements catholiques privés pouvaient parfaitement préparer des élèves au bac, mais ceux-ci devaient passer leur diplôme avec tous les autres. Petite astuce connue des professeurs : de nombreux établissements privés choisissent de ne présenter que les meilleurs élèves sous leurs couleurs et d’envoyer les autres en candidats libres pour améliorer leur score de réussite au bac. Appâtés par des pourcentages tournant autour de 100 %, de plus en plus de parents se tournent vers ces établissements au détriment de l’école publique.

Le gouvernement fait tout pour encourager ce choix : démantèlement de la carte scolaire, baisse du nombre de professeurs dans le public… Le plan banlieue est à sec, mais on racle les fonds de tiroirs pour financer – sur fonds publics – l’ouverture de 50 classes privées catholiques dans les quartiers populaires. Un grand lycée Jean-Paul-II est sur les rails. Un collège tenu par l’Opus Dei est déjà sous contrat.

Il ne manquait plus que ça : la fin du diplôme d’Etat… Justement au moment où l’Etat annonce vouloir supprimer les IUFM, brader les concours, et remplacer leur formation par un master que pourrait préparer n’importe quel établissement privé. Comme ça, en plus de délivrer le baccalauréat, le Vatican pourra ouvrir des masters destinés directement aux futurs enseignants.

Un comité 1905 vient de porter plainte devant le Conseil d’Etat. S’il n’obtient pas gain de cause, le prêtre aura le champ libre pour reprendre la main sur l’instituteur.

Caroline Fourest
Article paru dans l’édition du 02.05.09

A lire dans l’Humanité (du 25 au 30 Avril)

– le 25 avril, dossier sur 2 pages : Comment apprendre à enseigner ?

«  Rappel des faits Du jamais-vu. Voici bientôt trois mois que les enseignants chercheurs, étudiants et BIATOSS se mobilisent contre des réformes universitaires, considérées comme une casse en règle de l’enseignement public. Un des points
concerne « la mastérisation » de la formation enseignante. »
La suite : http://www.humanite.fr/2009-04-25_L-Humanite-des-debats_Comment-apprendre-a-enseigner

 » L’état républicain ne peut se dégager de sa mission Par Marie-Albane de Suremain, maître de conférences en histoire contemporaine à l’université de Paris-XII-IUFM de Créteil et membre de la coordination nationale sur la formation des enseignants (CNFE). »
La suite : http://www.humanite.fr/2009-04-25_L-Humanite-des-debats_L-etat-republicain-ne-peut-se-degager-de-sa-mission

 » L’université n’est pas une école professionnelle Par Simone Bonnafous, présidente de l’université Paris-XII Val-de-Marne et vice-présidente de la conférence des présidents d’université (CPU). »
La suite : http://www.humanite.fr/2009-04-25_L-Humanite-des-debats_-L-universite-n-est-pas-une-ecole-professionnelle

«  Redonner du pouvoir d’agir Par Maria-Alice Médioni, secteur langues du Groupe français d’éducation nouvelle et formatrice au centre de langues université Lumière Lyon-II. »
La suite : http://www.humanite.fr/2009-04-25_L-Humanite-des-debats_Redonner-du-pouvoir-d-agir

« Avoir un vrai projet d’enseignement Par Daniel Robin, cosecrétaire général du SNES »
La suite : http://www.humanite.fr/2009-04-25_L-Humanite-des-debats_Avoir-un-vrai-projet-d-enseignement

– le 28 avril, sur la une (pas en ligne) :
« Facs et hôpitaux manifestent ensemble. La marchandisation ne passe pas. »
Dossier de 3 pages :
 » Deux réformes, une logique : la rentabilité MOBILISATION. Les réformes de l’hôpital et de l’université répondent à un même objectif : la privatisation. Aujourd’hui, universitaires et hospitaliers manifestent ensemble. »
La suite : http://www.humanite.fr/2009-04-28_Politique_Deux-reformes-une-logique-la-rentabilite

«  Deux professions disent non aux logiques comptables Georges Offenstadt est professeur de médecine à l’hôpital Saint-Antoine, à Paris. Christophe Mileschi est professeur d’italien à l’université de Nanterre-Ouest. Tous deux s’opposent aux réformes du gouvernement. »

La suite : http://www.humanite.fr/2009-04-28_Politique_-Deux-professions-disent-non-aux-logiques-comptables

« La Ronde infinie des obstinés Par Denis Guedj, mathématicien, professeur d’histoire des sciences à
l’université Paris-VIII. Le gouvernement espérait que la Ronde ne passerait pas les vacances. Espoir déçu. Ce matin, lundi 27 avril, la Ronde tourne ! Elle tourne depuis huit cent quarante heures, toujours plus habitée, toujours plus fournie, toujours plus obstinée. Le 23 mars, au premier jour de notre « mouvement », nous avions dit que nous n’avions pas l’intention de céder. La démobilisation n’est pas à l’ordre du jour, notre obstination est intacte. Les pauvres gesticulations du gouvernement, ses manoeuvres dérisoires, misant sur les vacances pour passer en force ses décrets, n’y ont rien fait. »
La suite : http://www.humanite.fr/2009-04-28_Tribune-libre_La-Ronde-infinie-des-obstines

– le 29 avril :
Un « tous ensemble » hôpital-université inédit Mouvement social . Mobilisation exemplaire, hier, avec la convergence du
mouvement hospitalier, massif, et celle des enseignants-chercheurs. »
La suite : http://www.humanite.fr/2009-04-29_Politique_Un-tous-ensemble-hopital-universite-inedit

Paroles de manifestants (4 articles a. brefs) http://www.humanite.fr/2009-04-29_Politique_Paroles-de-manifestants

– le 30 avril :
«  Dans les facs, grève reconduite et action coup de poing Réunis en assemblée générale hier à la Sorbonne, les universitaires ont revoté la grève et appelé à son intensification. Une délégation de la Coordination a forcé les portes du ministère. »
La suite : http://www.humanite.fr/2009-04-30_Societe_Dans-les-facs-greve-reconduite-et-action-coup-de-poing

Enseignants-chercheurs : un nouveau statut imposé aux forceps

A lire sur Educpros.

Extrait :

« A la rentrée prochaine, le nouveau statut des 57 000 enseignants-chercheurs entrera en vigueur. Après de nombreuses réécritures, le texte est paru au JO le 25 avril 2009. Valérie Pécresse est passée outre la mobilisation qui dure depuis trois mois.

(…)

Principale nouveauté, fortement contestée : la modulation du service d’enseignement, à la hausse ou à la baisse, qui ne pourrait être imposée « sans l’accord écrit de l’intéressé ». Une circulaire ministérielle devrait venir préciser ce point pour éviter les « abus de faiblesse » alors que les opposants dénoncent déjà des heures de cours supplémentaires contraintes sans paiement d’heures supplémentaires. »

Lire la suite sur EducPros.

La 9ème CNU appelle à ne pas organiser les examens (AFP)

PARIS (AFP) — La Coordination nationale des universités, réunie mercredi à l’université Paris IV, a appelé les enseignants-chercheurs et les personnels administratifs « à ne pas organiser la tenue des examens jusqu’à la satisfaction de ses revendications », a annoncé à l’AFP une porte-parole.

« La CNU appelle les enseignants-chercheurs et les personnels administratifs à ne pas organiser la tenue des examens jusqu’à la satisfaction de ses revendications », a déclaré à l’AFP Sarah Hatchuel, professeur d’anglais à l’université du Havre et l’une des porte-parole de la CNU.

Cet appel a été voté par les représentants de 73 établissements (universités et instituts) réunis pour la neuvième fois depuis le début du conflit le 2 février.

« C’est bien dommage d’en arriver là, ça fend le coeur d’avoir à voter une telle motion, mais on en arrive à un point où on doit appeler à la non tenue des examens. La balle est dans le camp des deux ministres maintenant », a ajouté Mme Hatchuel, faisant référence à Xavier Darcos (Education) et Valérie Pécresse (Enseignement supérieur et Recherche).

« Si les ministres tiennent à ce que les étudiants retournent en cours, alors qu’ils écoutent enfin la communauté universitaire », a-t-elle poursuivi.

Dans sa plateforme de revendications, la Coordination demande entre autres le « retrait du projet de réforme de la formation des enseignants des premier et second degrés », et « le retrait du décret sur le staut des enseignants-chercheurs » publié au Journal officiel samedi dernier.

Elle demande aussi « le rétablissement des postes supprimés en 2009 » dans l’enseignement supérieur et la recherche ou encore « l’arrêt du démantèlement des organismes publics de recherche » tels que le CNRS.

« Universities in trouble »

Un article sur la situation des universités américaines après la crise financière : http://www.nybooks.com/articles/22673

A méditer dans le contexte actuel de réformite ministérielle …